Au sein du vaste empire Migros, l’alcool coule déjà presque partout. Le géant orange se garde de vendre le moindre produit alcoolisé dans ses grandes surfaces marquées du sigle du M.
Cependant, la bière, le vin et autres spiritueux sont disponibles chez Denner, qui appartient à Migros, dans les stations-service Migrolino ou dans les magasins Voi. L’alcool peut aussi être acheté dans la boutique en ligne du détaillant.
«Pas d’alcool!» Le credo du fondateur de Migros, Gottlieb Duttweiler, est encore valable dans les grandes surfaces. Mais ce tabou pourrait bientôt tomber. Un évènement historique pourrait se produire lors de la réunion de l'assemblée des délégués de samedi.
La «M-Démocratie» est en route
Afin de préparer le terrain auprès des membres de ses coopératives et de ses clients, la Migros discute déjà du thème dans les pages du dernier «Migros Magazine». Dans l’article, un calendrier présente déjà ce qui pourrait se passer pour que l’alcool figure dans les rayons des supermarchés.
Cela nécessite une modification des statuts. Cela se ferait «après un processus démocratique unique», celui de la «M-Démocratie», comme Migros l’explique fièrement à ses 2,3 millions de coopérateurs.
La première décision sera prise samedi. L’assemblée des délégués se réunira et discutera de la levée de l’interdiction de l’alcool. Ceci à la demande de cinq délégués et après l’acceptation par l’administration de la Fédération des coopératives Migros (FCM).
Trois étapes distinctes
La proposition a de bonnes chances d’aboutir, déclare à Blick un ancien membre de la direction de Migros. Si une majorité de deux tiers de l’assemblée des délégués se positionne en faveur de la levée de l’interdiction de l’alcool samedi, la balle sera dans le camp des dix coopératives régionales (une sorte de Chambre haute de la M-Démocratie).
Leurs administrations et conseils coopératifs devront décider d’ici début décembre s’ils sont favorables à la levée de l’interdiction de l’alcool.
Pour confirmer ce changement, une troisième étape doit encore avoir lieu auprès des coopérateurs. Ce qui ressemble à un référendum des membres des coopératives aura lieu en juin 2022.
Des différences régionales majeures à venir?
La «M-Démocratie», dans sa volonté de respect du pluralisme, va encore plus loin. Les magasins des coopératives n’ayant pas voté «Oui» aux deux tiers ne pourront pas vendre d’alcool. La Migros indique elle-même que des différences régionales majeures pourraient apparaître.
«Selon les résultats des différentes régions, dit «Migros Magazine», des différences pourraient donc survenir — un magasin de Migros Vaud vendant par exemple du vin alors qu’un supermarché de Migros Genève ne serait pas autorisé à le faire.
La Migros étant organisée en dix coopératives bien distinctes, il y a donc fort à parier qu’au moins quelques-uns d’entre elles vont accepter ou refuser le vote. Si la proposition est acceptée dans ses deux premières phases, des différentes intercantonales risquent d’apparaître concernant la vente d’alcool dans les rayons du géant orange.
Un tabou déjà soulevé par un Genevois
Jusqu’à présent, la présence d’alcool à la Migros ne semblait pas même être un sujet de débat. Seul le Genevois Claude Hauser l’avait évoqué en 2012, alors qu’il était président de la direction de Migros. Sans succès.
Aujourd’hui, sous l’ère de Fabrice Zumbrunnen, le tabou pourrait être brisé et l’alcool pourrait bientôt couler à flots dans les supermarchés du géant orange. Si ce changement a lieu, cependant, une autre problématique pourrait bien se révéler au grand jour: comment réagiront les clients qui font leurs courses spécifiquement à la Migros car celle-ci ne vend pas d’alcool?
(Adaptation par Alexandre Cudré)