«Lorsque j’ai regardé par la fenêtre, ce fameux lundi matin, j’ai vu un corps sans vie et des ambulanciers attroupés autour, qui cherchaient à le réanimer», confie à Blick Martin*, le résident d’un immeuble niché dans la ville de Sion. L’homme, encore sous le choc lorsque nous l’interpellons sur le palier de son appartement, est l’un des témoins des instants qui ont suivi le premier des deux meurtres de ce lundi 11 décembre, dans la capitale valaisanne.
Pour rappel, un homme a ouvert le feu près d’un immeuble puis dans une entreprise de peinture à Sion dans la matinée, ôtant d’abord la vie à une femme de 34 ans, puis à un homme de 41 ans. Une Valaisanne de 49 ans a également été blessée, son pronostic vital n’est pas engagé. Tous les faits se seraient déroulés entre 7h et 8h.
«L’agresseur connaissait ses victimes», a souligné le procureur de la république et du canton du Valais lors d’une conférence de presse donnée le même jour. Et Olivier Elsig d’ajouter: «Beaucoup d’éléments laissent penser que ces actes ont été prémédités.» L’auteur présumé, S.*, a été interpellé dans le canton, précisément à 15h43, avec l’appui de la police municipale de Crans-Montana.
Face à cet horrible fait divers, qui a sorti la capitale valaisanne de sa torpeur hivernale, Blick s’est rendu sur l’un des deux lieux du premier crime. À savoir l’immeuble où se serait déroulé le meurtre de la femme de 34 ans — que nous appellerons Tara C.* Le corps de cette dernière aurait été retrouvé juste devant le bâtiment, entre l’entrée et le parking, comme nous l’a affirmé un témoin oculaire. Voici ce qu’ont vu et entendu les autres voisins de la jeune femme décédée.
Bruits d’explosions et gros fusils
Blick est allé sonner à toutes les portes. La plupart des habitants disent avoir entendu un bruit étrange, mais rien de plus. Deux personnes, qui vivent au même étage que la victime, font exception et se confient davantage. Marie* est d’abord craintive: «Vous êtes sûre que j’ai le droit de vous répondre?» Elle accepte finalement de s’exprimer sous couvert d’anonymat.
La jeune femme murmure: «J’avoue que, lorsque j’ai entendu un bruit étrange ce lundi matin, je n’ai pas vraiment compris ce qu’il se passait. J’ai d’abord cru entendre des explosions: comme il y avait des feux d’artifice la veille à Sion (ndlr: dans le cadre du marché de Noël), j’ai pensé que c’étaient sûrement des fêtards pas encore couchés… Si seulement.»
Elle dit avoir constaté une présence policière dans l’immeuble vers 9h du matin seulement. «C’est à ce moment qu’ils ont toqué très fort à ma porte. Ils étaient armés de gros fusils. Ils m’ont simplement dit de ne sortir de chez moi sous aucun prétexte pendant quelques heures, sans plus d’explications.» Ce n’est que plus tard que Marie a compris: «Je n’ai appris qu’à midi qu’il y avait eu un meurtre en bas de l’immeuble, grâce à un ami policier qui m’a appelé pour me le dire… Je ne connaissais pas du tout Tara.»
Une femme pressée
Martin est un voisin de palier de la victime, qui habitait avec une autre personne, comme nous avons pu le constater sur place. Interrogé quant au profil de Tara, il rétorque: «Pour être honnête, je ne la connaissais pas vraiment, je n’ai fait que la croiser dans le bâtiment. Elle avait toujours l’air très pressée.»
Il ajoute encore: «Elle et l’homme avec qui elle habite, que je pense être son compagnon, n’ont emménagé ici que ce printemps, si je me souviens bien. Ils ont fait des travaux dans l’appartement ces derniers mois, ça faisait beaucoup de bruit. Mais, en dehors de ça, c’étaient des gens discrets, normaux…»
Le voisin estime que rien ne s’est passé dans l’appartement de Tara: «Ce matin, au moment des faits, vers 7h40 je dirais, j’étais encore couché. J’ai entendu des bruits qui ressemblaient vraiment à des coups de feu dans la cour, mais rien dans l’immeuble ou dans l’appartement de la victime.»
Connu comme le loup blanc
D’autres témoignages, recueillis par «20 minutes», brossent quant à eux le portrait du tueur présumé. Il serait «connu comme le loup blanc» en Suisse romande (et pas qu’en Valais…), «mais pas positivement». «Ça fait des années qu’il menace de mort des internautes sur des forums dédiés aux voitures», écrivent nos confrères.
Une connaissance de S. affirme, toujours sur les plateformes du quotidien gratuit: «On connaît tous ce type en Valais. Il a harcelé une de mes potes. Il harcèle les nanas et les menace de mort. Les mecs aussi.»
Lorsqu’il s’est exprimé face aux médias, le procureur du Valais a par ailleurs indiqué que l’auteur présumé des faits était connu des autorités judiciaires du canton, notamment en tant que plaignant. Il a également été prévenu dans des cas mineurs, notamment pour avoir proféré des «menaces».
*Afin de protéger les victimes et leur entourage, tous les prénoms ont été modifiés. Les identités sont connues de la rédaction.