La quote-part (participation) pour les préparations originales onéreuses passera en effet de 20 à 40% pour certains patients dès le 1er janvier.
Cette hausse de la part non remboursée par l'assurance-maladie a été décidée en septembre par le Conseil fédéral. Elle vise à rendre certains médicaments originaux moins attractifs dès lors qu'il existe un générique ou un biosimilaire, c'est-à-dire une version meilleur marché et équivalente (copie) du produit une fois le brevet expiré.
Stimuler la demande pour les génériques
En doublant la quote-part payée par le patient pour les produits dont le prix est jugé «excessif», le gouvernement s'attend à stimuler la demande pour les génériques. Et, au final, à économiser quelque 250 millions de francs par an dans le système de santé.
«Le taux de substitution, c'est-à-dire le recours à un médicament générique équivalant à l'original quand cela est possible, ne dépasse pas un quart environ en Suisse, alors qu'il atteint par exemple 80% en Allemagne», a expliqué mercredi à Keystone-ATS Adrien Kay, responsable communication chez Curafutura.
Concrètement par exemple, aujourd'hui, la boîte d'Augmentin, un antibiotique original, coûte 39,50 francs en pharmacie, alors que la plupart des génériques tournent autour des 34 francs. Dès le 1er janvier, le patient qui a épuisé sa franchise devra en principe payer de sa poche 15,80 francs pour ce produit (40% de quote-part) contre 7,90 francs actuellement.
La situation est cependant nuancée. D'autres produits originaux, indique PharmaSuisse, comme le Deroxat (antidépresseur) ou le Humira (produit de référence, traitement anti-inflammatoire) se voient appliquer aujourd'hui la quote-part standard de 10%. Et celle-ci est maintenue dans une large mesure. Le relèvement de la quote-part concernera des cas spécifiques.
Redoubler de vigilance
En outre, relève PharmaSuisse, les fabricants de médicaments gardent la possibilité de baisser leurs prix au 1er janvier pour éviter de tomber dans la catégorie des 40%.
D'une façon générale cependant, résume Curafutura, «il faudra que les assurés redoublent de vigilance et prennent l'habitude de demander systématiquement (au médecin, au pharmacien, ndlr) si le médicament prescrit est un générique».
Calculées à l'aune de l'ensemble des coûts des prestations médicales remboursées par l'assurance obligatoire de base en 2022 (37,7 milliards de francs), et même à l'aune des coûts pour les médicaments uniquement (8,4 milliards), les 250 millions d'économies potentielles ne constituent pas un bouleversement. Mais la mesure est généralement saluée par les professionnels de la santé, comme PharmaSuisse ou les assureurs, qui y voient un moyen de freiner les coûts de la santé.
Autre réforme en juillet
A noter que la remise de médicaments plus onéreux sans majoration de la quote-part restera possible, dans des cas exceptionnels et étayés. Il reviendra au patient d'en faire la demande au médecin.
Une autre réforme dans la même veine, la révision des marges de distribution des médicaments, entrera en vigueur au 1er juillet 2024. Elle doit permettre d'économiser 60 millions de francs à court terme puis, potentiellement et selon les scénarios, plusieurs centaines de millions par an.
(ATS)