Peut-on être blanc, jouer du reggae et adopter un look rasta? C’est la question qui a fait polémique la semaine dernière, lorsque la prestation du groupe Lauwarm a été interrompue à la Brasserie Lorraine à Berne.
Si cet incident a suscité l’indignation de nombreuses personnes, celui-ci a aussi relancé le débat sur l’appropriation culturelle. Dominik Plumettaz, chanteur du groupe, y répond.
Quelle est votre position au sujet du débat sur l’appropriation culturelle?
Je trouve qu’il est important de débattre de l’appropriation culturelle. Même si c’est bien sûr dommage que cette discussion ait lieu à cause d’un tel incident. Beaucoup de gens ne savent pas ce qu’est l’appropriation culturelle, ce qui fait que certains commentaires sont en-dessous de tout, et que les gens qui prennent le sujet au sérieux peuvent se sentir insultés.
Certaines personnes sont gênées par le fait que des Blancs portent des dreadlocks. Qu’en pensez-vous?
Nous comprenons que cela puisse déranger. Mais nous avons également reçu des réactions positives directement de la Jamaïque, selon lesquelles les Jamaïcains sont tout à fait d’accord avec le fait que les membres de notre groupe arborent cette coiffure rasta. Nous ne couperons pas nos dreadlocks. Nous nous considérons comme un groupe qui s’inspire de différentes cultures. Et nous nous identifions aussi à des messages comme «It doesn’t matter if you’re black or white».
Actuellement, vous recevez de nombreux encouragements des milieux de droite. Un commentateur écrit par exemple sous l’une de vos vidéos Youtube qu’il n’écoute «plus que des chansons qui font escalader le public woke».
Nous nous distançons clairement de tels commentaires. Je comprends que les gens réagissent émotionnellement à l’interruption du concert. Mais avant d’écrire de tels propos, il faut réfléchir à la manière dont ils sont perçus par les personnes concernées, les People of Color.
Les Jeunes UDC font savoir qu’ils dénoncent la Brasserie Lorraine pour «racisme envers les Blancs».
Les jeunes UDC profitent de l’occasion pour gagner des électeurs; c’est totalement à côté de la plaque. Il ne s’agit pas de nous, ou de la Brasserie Lorraine, mais de People of Color et du thème du racisme.
Avez-vous fait face à des annulations ou des nouvelles demandes de concerts?
Il n’y a pas eu d’annulation. Nous avons eu deux ou trois demandes de concerts. Mais il ne s’agit pas pour nous d’en profiter, nous voulons simplement faire de la musique. Tôt ou tard, nous nous retirerons également du débat, car ce n'est pas à propos de nous. Ce que nous avons essayé de faire, c’est d’être des médiateurs et de rassembler les gens.
(Adaptation par Nora Foti)