Les prix de l’électricité sont de plus en plus élevés, tandis que l’essence et le diesel à la pompe le sont déjà depuis plusieurs semaines. Mais Andreas Streit ne s'en soucie pas, car ces hausses de prix ne le concernent plus. Et pour cause! Cet ingénieur se fournit exclusivement en électricité bon marché sur son propre toit. Il s'en sert également pour conduire sa voiture.
Il vit avec sa épouse à Niederweningen (ZH). Sur le toit de leur maison individuelle, le couple dispose d’une installation solaire qui lui permet de couvrir l’ensemble des besoins énergétiques de la maison. «Mon objectif est d’être indépendant», déclare Andreas Streit lorsqu’il reçoit Blick chez lui.
De l’électricité solaire pour la maison et la voiture
Andreas Streit n’est pas non plus dépendant du gaz ou du mazout russes. En effet, en plus de l’installation solaire, il possède depuis 35 ans déjà une pompe à chaleur dans son jardin, qui chauffe la maison en hiver.
L’électricité qu’il utilise provient du toit. Et le sexagénaire l'utilise également pour recharger sa voiture électrique, une Nissan Leaf e+. Avec cette voiture, il peut parcourir 100 km en ne dépensant qu'environ 1,50 franc.
Mais le retraité n’a pas acheté la voiture en juin 2022 uniquement pour cette raison. Pour Andreas Streit, la voiture électrique est plus qu’un moyen de locomotion. «Je peux non seulement la conduire, mais aussi l’utiliser comme réservoir intermédiaire pour l’électricité du toit», explique-t-il.
La batterie de la voiture comme réserve de courant
La batterie de sa voiture stocke temporairement l’électricité bon marché produite par l’installation solaire. Andreas Streit peut ainsi utiliser l’électricité même lorsque l’installation solaire ne fournit rien, par exemple la nuit.
«Lorsque la pompe à chaleur, la télévision ou le lave-vaisselle fonctionnent le soir, nous puisons l’électricité dans la batterie de la voiture», explique le retraité. Le tout fonctionne au moyen d’un système sophistiqué que l’homme de 66 ans peut contrôler via une application sur son smartphone.
La batterie du véhicule stocke environ 62 kilowattheures d’électricité. «L’expérience montre que je peux tenir cinq à six jours à la maison avec cette batterie», affirme-t-il. À condition bien sûr que la voiture électrique soit dans le garage.
Recharge «bidirectionnelle»
Au Japon, ce système a déjà fait ses preuves depuis plus de dix ans. Les batteries des voitures électriques peuvent non seulement être chargées, mais aussi déchargées et donc utilisées comme stockage d’électricité.
En Suisse, la recharge dite «bidirectionnelle» n’est possible que depuis janvier 2022. Entre autres avec les voitures électriques japonaises de Mitsubishi, Honda et Nissan.
Depuis environ trois mois, Andreas Streit vit avec cette installation innovante, y compris la voiture électrique qui sert de stockage intermédiaire. Avant d'acquérir le véhicule, il profitait déjà depuis deux ans de la grande installation solaire sur son toit, d'une puissance de 15,5 kilowatts.
Facture d'électricité divisée par vingt...
L’avenir dira si l’électricité du toit, combinée au stockage intermédiaire, suffit à rester autonome en hiver. «Cela dépend bien sûr aussi de la quantité de brouillard et de neige que nous aurons», explique le retraité.
Grâce à son installation, le propriétaire de la maison individuelle n'a presque plus besoin d’acheter de courant auprès de la compagnie d’électricité du canton de Zurich. Seuls quelques watts sont encore nécessaires pour maintenir l’ensemble du système de puissance. «Ma facture d’électricité est passée d’environ 1250 francs par an à 70 francs», déclare-t-il.
...alors que les prix prennent l'ascenseur
Pendant ce temps, les ménages suisses risquent de voir leur facture d’électricité augmenter massivement. En effet, les prix sur le marché de l’électricité ont fortement augmenté ces derniers mois en raison de la guerre en Ukraine.
Le coup de massue électrique aura lieu en 2023. Les entreprises énergétiques qui ont déjà annoncé leurs prix prévoient une augmentation de 20 à 30% des tarifs de l’électricité.
Investissement amorti en dix ans
Andreas Streit n'a pas à s'en soucier. «Les économies réalisées ont bien sûr été une motivation pour l’installation solaire», dit-il. En tenant compte de toutes les subventions que le propriétaire a reçues de l’État et de la commune, l’installation lui a coûté, selon ses propres dires, environ 25’000 francs.
Il estime que cet investissement sera amorti en dix ans. Non seulement grâce aux faibles coûts de l’électricité, mais aussi grâce aux économies d’essence et aux rétributions qu’il obtient en injectant son surplus de courant dans le réseau.
Accélérer la transition énergétique
Mais pour lui, l’aspect écologique est encore plus important que les économies réalisées. Andreas Streit fait partie de la communauté d’intérêts IG Solar Wehntal. Cette dernière s'est donné pour mission d'accélérer la transition énergétique dans la région.
Concrètement, la communauté d’intérêts s’est fixé pour objectif fin 2019 de convaincre 100 concitoyens du Wehntal (ZH) à installer un système solaire – avec succès.
Un accord avec la commune de Niederweningen a été signé et encourage depuis lors les installations solaires sur les toits des habitations. Andreas Streit le reconnaît: «La crise énergétique joue bien évidemment un rôle supplémentaire en notre faveur.»
(Adaptation par Quentin Durig)