L'image est inédite. Mercredi, pour la première fois, un aumônier de l'armée a déroulé le tapis de prière. Muris Begovic, 41 ans, est le premier aumônier musulman de l'armée. Une photo montre l'homme s'inclinant en direction de la Mecque lors de la prière sur le terrain, une bonne douzaine de soldats l'imitent.
La prière a eu lieu en Suisse orientale, à l'occasion de la fête musulmane de l'Aïd el-Kébir, soit la plus importante des fêtes musulmanes. Certains militaires de confession musulmane auraient souhaité pouvoir prier ensemble. Environ deux douzaines de membres d'autres confessions des compagnies du bataillon de tir en montagne 6 ont également participé à la cérémonie.
Il est là pour tout le monde
La prière est historique. Il y a encore un an, seuls les catholiques, les réformés et les membres d'une église libre pouvaient travailler comme aumôniers dans l'armée.
Muris Begovic a bel et bien suivi une formation d'imam. Seulement, en tant qu'aumônier, il ne s'occupe pas uniquement de ses coreligionnaires musulmans, mais de tous les membres de l'armée. En effet, chaque troupe militaire se voit attribuer un aumônier, indépendamment des confessions qui la composent. Selon l'armée, les questions de confessions ne jouent souvent qu'un rôle secondaire lorsqu'un militaire s'adresse aux aumôniers. Ceux-ci s'occupent plutôt du bien-être des soldats et les soutiennent même en cas de chagrin d'amour.
On craignait des réactions négatives
En plus de Muris Begovic, premier aumônier musulman, l'aumônerie de l'armée compte désormais deux représentants de confession juive. Des discussions sont en cours avec d'autres communautés religieuses. Il se pourrait donc que l'armée compte bientôt des aumôniers bouddhistes et hindous. L'armée s'est prononcée en faveur de l'inclusion, a-t-elle fait savoir. Il est donc de sa responsabilité de «promouvoir une culture dans laquelle la diversité est traitée de manière consciente, respectueuse et profitable».
Mais l'armée a visiblement encore du mal à s'engager publiquement en faveur de l'inclusion. Par crainte de réactions négatives – apparemment aussi de la part de politiciens de droite – l'armée a longtemps hésité à rendre publique la première prière musulmane de campagne, comme l'a appris Blick. La demande de Blick est restée plusieurs jours sans réponse. Ce n'est que lorsque d'autres médias ont eu vent de la cérémonie que l'armée a finalement envoyé un bref communiqué jeudi à midi.
