Atterrissage forcé d'Alain Berset
«Pour un pilote, un tel incident est embarrassant»

Le conseiller fédéral Alain Berset s'est fait remarquer la semaine dernière en France. A bord d'un avion privé, il a commis une erreur d'interprétation et a été contraint d'atterrir. Après l'intervention de la police aérienne française, un expert revient sur l'affaire.
Publié: 13.07.2022 à 12:25 heures
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Dernière mise à jour: 13.07.2022 à 13:49 heures
La mésaventure du Conseiller fédéral Alain Berset fait du bruit.
Photo: keystone-sda.ch
Anastasia Mamonova

Alain Berset a fait l’objet d’une intervention de la police aérienne française le 5 juillet dernier. Le Conseiller fédéral se rendait en France à bord d’un avion privé de location. L’incident aurait été provoqué par une «mauvaise interprétation (ndlr: d’Alain Berset) des indications du contrôle aérien au début du vol», selon le Département de l’intérieur (DFI).

Deux avions de chasse français ont dû intervenir dans les airs. Le Fribourgeois, qui voyageait seul, a été contraint d’atterrir. Après un contrôle d’identité et une explication de sa part, il a pu poursuivre son vol.

Vol mal préparé

La nature exacte de l’infraction commise par le ministre de la Santé n’est pas clairement établie. Le journaliste suisse et expert en aviation Sepp Moser pense que le pilote amateur a négligé les préparatifs de vol: «Il est possible qu’il n’ait pas regardé la carte assez attentivement et qu’il l’ait mal interprétée.» L’expert précise que suivant les zones, les vols sont autorisés à des hauteurs différentes: «Les cartes sont assez compliquées. Mais cela fait partie du travail du pilote de préparer le vol et de prendre des notes.»

Situation potentiellement dangereuse

L’espace aérien est régularisé par des règlements stricts, comme le Code de la route. Pour l’expert en aviation, «il s’agit de minimiser les dangers et d’éviter, par exemple, qu’un avion de sport et un avion de ligne ne se croisent». Il existe donc des zones dans lesquelles il n’est pas possible de voler sans permission. Les zones situées au-dessus des aérodromes militaires sont proscrites. Sepp Moser invite à imaginer: «Si un avion à hélices vole à basse altitude une zone sensible, cela peut être effrayant et déclencher une intervention.»

Comme lors du vol d’Alain Berset. Son avion survolait la base aérienne militaire d’Avord, la deuxième plus grande du pays. L’armée française a dû arriver à la conclusion que la situation pouvait être dangereuse. C’est pourquoi la police aérienne aurait été mobilisée: «Peut-être qu’ils n’ont pas réussi à le joindre par radio parce qu’il n’avait pas la bonne fréquence. Mais ils voulaient s’assurer que tout allait bien. Il aurait aussi pu s’agir d’un détournement – on ne sait jamais.»

«Pour un pilote, c’est plutôt embarrassant»

Sepp Moser estime que le cas n’est «pas si dramatique». «C’est comme si on roulait à 53 km/h au lieu des 50 km/h autorisés, illustre-t-il. Cela ne devrait pas se produire et ce n’est certainement pas une bonne chose, mais ce n’est pas non plus une catastrophe. Même les pilotes les plus expérimentés peuvent être confrontés à ce genre de situation.»

On ne sait pas si l’incident aura des conséquences juridiques ou financières pour le Conseiller fédéral. Mais pour l’expert, la situation est surtout gênante pour Alain Berset lui-même. Selon la «NZZ», même le président Emmanuel Macron aurait été averti de la présence d’un vol étranger.

L’expert conclut, en souriant: «Pour un pilote, un tel incident est embarrassant. S’il est membre d’un aéroclub, il se fera probablement taquiner quelques fois à ce sujet et devra certainement payer une tournée.»

(Adaptation par Mathilde Jaccard)


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