57% ne la soutiennent pas
Les hommes romands ne veulent pas de la grève des femmes

48% des Romandes et des Romands se disent plutôt défavorables à la grève du 14 juin, d'après notre sondage. Est-ce que ça inquiète les organisatrices et les politiques, à qui nous avons aussi donné la parole? Voici ce que pense le peuple des questions d'égalité en 2023.
Publié: 13.06.2023 à 16:58 heures
|
Dernière mise à jour: 14.06.2023 à 12:20 heures
Les hommes se sont-ils désolidarisés de la grève féministe du 14 juin? Les réponses à notre sondage. (Image d'illustration)
Photo: Shutterstock
Blick_Daniella_Gorbunova.png
Daniella GorbunovaJournaliste Blick

Surprise (ou pas). 57% des hommes romands seraient plutôt défavorables à la grève féministe du 14 juin, d'après les résultats de notre sondage. Alors que la désormais annuelle vague violette s'apprête à déferler sur la Suisse, avec un accent mis sur l'inégalité salariale pour cette édition, nous avons voulu savoir ce qu'en pense vraiment le peuple. Il y a quatre ans, pas moins de 500'000 personnes s'étaient mobilisées pour les droits des femmes à travers tout le pays.

Depuis, le contexte semble avoir changé. L'année dernière, les manifestantes et les manifestants dans toute la Suisse n'étaient plus qu'au nombre de 50'000. Dix fois moins. La troisième vague féministe (ou quatrième, selon les définitions) s'est-elle déjà essoufflée dans nos contrées?

À l'occasion de cette cinquième année de mobilisation, Blick a voulu crever l'abcès en vous demandant votre avis: alors, est-ce que l'égalité a été atteinte en Suisse romande? Combien de personnes se disent féministes aujourd'hui? Et combien soutiennent cette journée de grève?

Ce sondage a été réalisé via des questionnaires en ligne, auprès du panel de l'institut de sondage MIS Trend ainsi que par l'intermédiaire des plateformes de Blick. 1'979 Romandes et Romands de plus de 18 ans y ont répondu du 24 au 31 mai 2023 (lire l'encadré méthodologique en fin d'article).

Exprimez votre avis et gagnez des bons d'achat!
MIS Trend

Inscrivez-vous sur la toute nouvelle plateforme de sondage en ligne M.I.S Trend en quelques minutes et donnez votre avis!

  • Créez votre compte
  • Répondez aux sondages
  • Convertissez les points gagnés en bon QoQa, Galaxus ou en dons pour des associations
  • 200 points offerts à l'inscription
MIS Trend

Inscrivez-vous sur la toute nouvelle plateforme de sondage en ligne M.I.S Trend en quelques minutes et donnez votre avis!

  • Créez votre compte
  • Répondez aux sondages
  • Convertissez les points gagnés en bon QoQa, Galaxus ou en dons pour des associations
  • 200 points offerts à l'inscription

Après vous avoir sondés, nous avons questionné des politiques en filigrane. Cette date du 14 juin fait-elle encore sens? Comment expliquer que — d'après nos chiffres — beaucoup de gens y soient plutôt réticents ou indifférents? Nous avons également donné la parole aux principales intéressées, trois membres du collectif lausannois de la grève. Alors, où en sommes-nous, en termes d'égalité, en 2023?

La majorité ne suit pas (plus?)

On l'a dit: 57% des hommes ne sont «pas vraiment» ou même «pas du tout» favorables aux manifestations du 14 juin. Ainsi que 40% des femmes interrogées. Et 48% des personnes au total.

La présidente des Jeunes UDC Vaud, Emmylou Ziehli-Maillard, compte parmi les sceptiques. Celle qui se qualifie de «féministe de droite» dit ne pas trouver sa place dans les marées humaines violettes: d'ailleurs, en 2019, elle n'était déjà pas au rendez-vous. Mais elle comprenait celles qui y allaient, à l'époque. Ce qui n'est plus le cas.

«
«Ce n’est plus une grève féministe pour toutes les femmes, comme ça a pu l’être à ses débuts, en 2019»
Emmylou Ziehli-Maillard, présidente des jeunes UDC Vaud
»

Que de moins en moins de monde soutienne la manifestation, elle «trouve ça assez normal». Car, d'après elle, «ce n’est plus une grève féministe pour toutes les femmes, comme cela a pu l’être à ses débuts, en 2019».

À l’époque, «c’était un peu un Mai 68 2.0. Ça a attiré beaucoup de personnes différentes. Mais, aujourd’hui, il y a de plus en plus de gens qui se distancient de ce mouvement. Car ce n’est, en réalité, plus une grève féministe universelle: c’est une manifestation radicale qui mélange plein de revendications de la gauche.»

L'égalité n'a pas (encore) été atteinte

Tout comme pour les chiffres liés à la grève, à la question de savoir si l'égalité a été atteinte aujourd'hui en Suisse, on observe un important clivage entre les hommes — dont la moitié pense que c'est plutôt le cas – et les femmes, dont 70% diraient plutôt que non. À noter également l'important écart d'opinion entre la gauche (plutôt pas atteinte, à 79%) et la droite (plutôt atteinte, à 57%).

D'ailleurs, la conseillère nationale verte Delphine Klopfenstein Broggini ne partage pas la réflexion de la présidente des Jeunes UDC Vaud. Pour elle, si la grève des femmes est de fait devenue moins fréquentée, c'est simplement à cause d'un contexte global qui a changé: «La grève féministe attirera peut-être moins de personnes en 2023 qu’à ses débuts en 2019. Mais, à ce moment-là, les mobilisations dans la rue et les mouvements de société étaient très forts de manière générale. Aujourd’hui, c’est moins le cas.»

«Et c’est aussi valable pour la grève du climat, par exemple», souligne-t-elle.

Les féministes, on les comprend

Quoi qu'il en soit, même si les gens semblent aujourd'hui frileux à l'idée de descendre dans la rue, les combats féministes seraient quant à eux bien compris et intégrés. La majorité des répondantes et des répondants à notre sondage ayant affirmé comprendre ces mouvements et leurs actions, malgré une crainte que certaines de ces dernières ne soient contre-productives.

«
«Ce n’est pas parce que les gens descendent moins dans la rue qu’ils n’adhèrent plus à la thématique de façon générale»
Delphine Klopfenstein Broggini, conseillère nationale Verte
»

Ce décalage entre le «comprendre» et le «faire», Delphine Klopfenstein Broggini l'explique ainsi: «Je pense qu’il faut faire la distinction entre manifester, et avoir des opinions. Ce n’est pas parce que les gens descendent moins dans la rue qu’ils n’adhèrent plus à la thématique de façon générale. Et la population peut avoir l'impression, par les médias ou la situation politique, que leurs préoccupations sont davantage écoutées. Alors que concrètement, au parlement, ce n'est pas toujours le cas...»

La plupart des hommes ne sont pas féministes

Si seule une minorité d'hommes disent soutenir la journée de mobilisation du 14 juin, il en va de même pour ceux qui se qualifient eux-mêmes des féministes. 38% de la gent masculine, au total, s'attribuerait cette étiquette. Contre 58% des femmes. Les personnes qui se qualifient de féministes, tous genres confondus, représenteraient en revanche près de la moitié de la population (49%).

Contactées pour commenter les résultats liés à la mobilisation du 14 juin, trois membres du collectif lausannois de la grève féministe, Vanessa Monney, Lucile Quéré et Michela Bovolenta, refusent de se laisser effrayer par les chiffres.

«
«Les termes 'grève' et 'féministe' ont longtemps suscité beaucoup de méfiance»
Le collectif de la grève féministe
»

Elles tiennent à les relativiser. Car, si les sceptiques sont au total 48%, les soutiens aux manifestations du 14 juin monteraient tout de même à 39% en tout (voir le premier graphique): «Cela veut aussi dire que pas loin de la moitié des personnes interrogées se disent favorables à la grève féministe du 14 juin. En réalité, c’est une super nouvelle.»

Au collectif d'ajouter: «Nous sommes persuadées que ce chiffre aurait été bien moindre il y a dix ou quinze ans: les termes 'grève' et 'féministe' ont longtemps suscité beaucoup de méfiance.»

Oui, les hommes souffrent aussi du patriarcat

Finalement, il est intéressant de constater que, si la plupart des hommes refusent de se qualifier de féministes, ils sont davantage partagés quant aux impacts négatifs du patriarcat.

En effet, 49% d'entre eux estiment que le féminisme ne sert pas que la cause des femmes, car les hommes souffrent aussi de ce fléau. Les femmes sont quant à elles plus nombreuses encore — 61% exactement — à penser ainsi.

Méthodologie et marge d'erreur

L'étude a été menée via des questionnaires en ligne auprès du panel MIS Trend, ainsi que par l'intermédiaire des plateformes de Blick.

1'979 Romandes et Romands de 18 ans et plus y ont répondu du 24 au 31 mai 2023.

Les résultats ont été pondérés avec des critères tels que le genre, l'âge et le canton, de manière à obtenir des chiffres représentatifs. La marge d'erreur maximale est de 2.3% sur l'échantillon total.

L'étude a été menée via des questionnaires en ligne auprès du panel MIS Trend, ainsi que par l'intermédiaire des plateformes de Blick.

1'979 Romandes et Romands de 18 ans et plus y ont répondu du 24 au 31 mai 2023.

Les résultats ont été pondérés avec des critères tels que le genre, l'âge et le canton, de manière à obtenir des chiffres représentatifs. La marge d'erreur maximale est de 2.3% sur l'échantillon total.

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la