«200 francs, ça suffit»
Une nouvelle initiative veut mettre la redevance radio/TV au régime

Un comité interpartis veut abaisser la redevance Serafe de la radio/TV de 335 à 200 francs par an. Ses représentants ont présenté mardi à Berne l'initiative populaire «200 francs, ça suffit». Le texte est dirigé contre la SSR, une attaque que cette dernière combattra.
Publié: 01.03.2022 à 16:11 heures
Un comité interpartis veut abaisser la redevance Serafe de la radio/TV de 335 à 200 francs par an. La SSR se prépare à combattre le texte déposé mardi à Berne.
Photo: keystone-sda.ch

Cette initiative est lancée par l'UDC, l'Union suisse des arts et métiers (USAM) et les Jeunes PLR. Elle intervient quatre ans après le net rejet par le peuple de l'initiative «No Billag», en mars 2018. À plus de 70%, la population avait alors confirmé la volonté de conserver un service public fort.

En plus de la baisse de la redevance concernant les appareils des ménages, les initiants demandent la suppression de la redevance des entreprises. La répartition de l'argent de la redevance doit en revanche rester identique pour les chaînes de radio et de télévision privées, selon le texte.

Service public trop à gauche?

«La redevance obligatoire des ménages privés et des entreprises en faveur de la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) ne reflète plus depuis longtemps la consommation médiatique en Suisse, a affirmé devant les médias le conseiller national Thomas Matter (UDC/ZH). L'initiative populaire veut aussi garantir un traitement «plus équilibré» de l'actualité politique sur le service public.

En clair: faire reculer la «gauchisation» (sic) du service public. Les initiants plaident pour davantage de journalistes appartenant au camp bourgeois, à l'image de la majorité de la population.

L'autre question de fond pour eux est de savoir où l'État doit être actif et qu'est-ce qui doit être laissé à l'économie de marché. Sans remettre en question la nécessité de la SSR, le conseiller national Gregor Rutz (UDC/ZH) a critiqué le fait qu'elle s'attaque à des marchés qui ne relèvent pas de sa concession.

«La SSR exploite des stations de radio en concurrence directe avec des prestataires privés, produit des émissions en dehors du service public et élargit constamment son offre en ligne. Et c'est justement en ligne que la SSR représente la principale concurrence pour les privés», a-t-il argumenté.

Redimensionnement à l'horizon?

Gregor Rutz exige que le mandat de service public de la SSR soit rediscuté. Le rejet du paquet d'aide aux médias lors de la votation du 13 février est un signal clair, selon lui.

De son côté, le président de l'UDC et conseiller aux États Marco Chiesa (TI) a prôné une réduction de l'offre des programmes de la SRF alémanique, tout en assurant que l'initiative prévoyait de garder l'actuelle offre pour les minorités linguistiques. Ce redimensionnement doit permettre de faire des économies et gagner en efficacité pour, au final, obliger la SSR à se concentrer sur sa mission publique principale, a-t-il dit en substance.

Le président de l'USAM, Hans-Ulrich Bigler, a pour sa part dénoncé une double imposition contraire aux principes du droit fiscal. Car selon lui, même si les entrepreneurs regardent la télévision ou écoutent les radios de la SSR pendant leur travail, ils ont déjà payé une fois la redevance en tant que particuliers.

Nouvelle «attaque» contre la SSR

Dans un communiqué, la SSR dit prendre note de «cette attaque» contre le service public, qui aurait pour résultat de réduire massivement son budget. Elle se dit prête à démontrer une nouvelle fois sa contribution à la société suisse.

«Il est clair que si la SSR voyait son budget si fortement réduit conformément aux intentions des initiants, elle ne pourrait pas maintenir son modèle décentralisé actuel. Une centralisation massive de sa production, probablement sur un seul site, serait inévitable, et cela au détriment de la couverture régionale, des minorités linguistiques et de toutes les régions de notre pays», écrit-elle.

«La SSR fournit une contribution essentielle à l'échange culturel et à la compréhension entre les régions linguistiques suisses, et ainsi à la cohésion de notre société. Cette contribution n'est possible qu'avec un ancrage régional fort, qu'une telle initiative mettrait en péril», affirme Jean-Michel Cina, président du Conseil d'administration de la SSR, cité dans le communiqué.

La redevance média des ménages a déjà baissé de plus de 25% depuis 2018, rappelle la SSR. «Après la centaine de millions de francs déjà économisés par la SSR ces trois dernières années, des conséquences importantes sur ses emplois seraient inéluctables», avertit-elle.

Le comité bourgeois a officiellement déposé mardi le texte de l'initiative auprès de la Chancellerie fédérale pour examen. Une fois celui-ci effectué, la récolte de signatures pourra démarrer.

(ATS)

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