Sous le coup d'une procédure, mais toujours en liberté...
Ce motard des Bandidos accusé de meurtre se balade tranquillement à Genève

Samedi 21 mai au soir, une fusillade entre deux gangs de motard éclate dans le bar L’Épi Doré à Genève. L'un des protagonistes a un lourd passé judiciaire. Il avait tué un homme en 2019 déjà, et est toujours en liberté.
Publié: 01.06.2022 à 13:01 heures
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Dernière mise à jour: 10.06.2022 à 17:22 heures
Alors qu'une procédure pour meurtre à son encontre est en cours, le prévenu se balade donc toujours en liberté, initiant de dangereuses esclandres en plein centre ville. Même après l'épisode du bar de L’Épi Doré, l'individu, né en 1992, n'a toujours pas été interpellé.
Photo: keystone-sda.ch
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

Les caméras de surveillance ont capturé toute la scène: un clan de motards prend un verre dans le bar L’Épi Doré, à la rue de l’École-de-Médecine, à Genève. Dans un quartier (comme son nom l'indique) proche de l'Université, plutôt réputé pour ses tablées d'étudiantes et étudiants, d'habitude. Mais soit. Jusque-là, encore, tout va bien.

Quand soudain, l'un de ces dits Bandidos se lève pour se placer devant l'entrée de l’établissement, pistolet au poing. Il braque l'arme en direction de la porte. À cet instant même, un homme, très probablement un Hells Angels, lui fonce dessus. Le coup de feu part: le supposé «ange des enfers» aurait été blessé à l'entrejambe. L'un de ses acolytes fait alors irruption dans le bâtiment, et tire deux balles en direction des rivaux. Volontairement ou par maladresse – l'enquête le déterminera – ces dernières s'échouent dans le mur sans blesser personne.

Mais le Bandido à l'origine du premier tir a quant à lui bel et bien envoyé sa cible à l'hôpital – avec des plaies relativement bénignes. Cette fois. Car le motard a des antécédents, et pas des moindres: ce Genevois, informaticien de formation, est accusé d’avoir tué un homme à coups de couteau, à Annemasse, en avril 2019, selon les informations obtenues par la «Tribune de Genève».

Alors qu'une procédure pour meurtre à son encontre est en cours, le prévenu se balade donc toujours en liberté, initiant de dangereuses esclandres en plein centre ville. Même après l'épisode du bar de L’Épi Doré, l'individu, né en 1992, n'a toujours pas été interpellé.

Il avait poignardé un français

L'affaire de 2019 avait eu droit à une large couverture médiatique locale: un Français de 27 ans, domicilié à Cluses, avait été poignardé à plusieurs reprises dans un appartement, puis transporté dans la rue, où il avait succombé à des blessures à l’abdomen. Selon le journal français «Le Messager», le motard suspect s’était présenté de lui-même aux autorités genevoises et avait été incarcéré côté Suisse.

«Où en est cette procédure? Dans quelles conditions le protagoniste se trouvait-il en liberté, armé dans ce bar de Plainpalais?» s'interroge le journal du bout du lac. En guise de réponse: Le Ministère public genevois ne fait aucun commentaire.

Le Ministère public genevois ne fait aucun commentaire. «Ni sur l’avancée des investigations, ni sur l’identité ou le passé des protagonistes. La justice française n’a pas non plus répondu» aux sollicitations de la «Tribune de Genève».

Des gangs de plus en plus violents?

Pendant ce temps, en Suisse alémanique, un énorme procès contre des membres des Hells Angels et des Bandidos catalyse l'attention du public: affrontements entre motards dans et devant le tribunal, jet de pierres,... À croire que les caïds sur deux roues n'ont jamais autant attisé le feu des projecteurs en Suisse.

Pourquoi, tout à coup, tant de violence et de procès simultanément? La question reste ouverte. En revanche, une telle conjoncture pose la question: faut-il tout simplement interdire ces gangs de motards? C'est déjà fait en Allemagne et aux Pays-Bas, répond «RTS Info».

Et l'idée semble avoir fait son chemin jusqu'à nos politiques, s'invitant au Parlement, comme le note encore le média national. Mais, pour nos élus, là n'est pas la solution. Léonore Porchet rétorque par exemple à la RTS: «Il y a peu de groupes interdits en Suisse, pourquoi? Parce que l'idée c'est qu'une fois qu'ils sont interdits, ils ne disparaissent jamais et passent sous le radar. Il est plus facile de les surveiller et de garantir qu'il y ait moins de violence si on les connaît. L'interdiction n'est donc pas toujours la bonne solution.»

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