Il faut désormais montrer patte blanche pour manger à l’intérieur d’un resto. Eh oui, depuis le lundi 13 septembre, à moins de se mettre en terrasse, les clients doivent se munir de leur certificat Covid pour profiter d’un verre, d’un apéro ou d’un bon petit plat.
Si la plupart des professionnels semble s’être pliée à ces nouvelles mesures sanitaires, il y en a une qui a décidé de désobéir. Lynn Dardenne, aussi surnommée «Che Guevara» par son équipe, n’est autre que la gérante du restaurant Territet & Co qui a ouvert ses portes en octobre dernier.
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Lieu qui a vu naître Claude Nobs
Il se trouve qu’avant d’avoir été transformé en restaurant, l’établissement a été le premier lieu de vie du célèbre Claude Nobs. Une plaque gravée avait même été réalisée au moment de son inauguration aux côtés de diverses personnalités politiques de premier plan comme Ignazio Cassis, conseiller fédéral, Laurent Wehrli, ex-syndic de Montreux et Jacqueline de Quattro, ancienne conseillère d’État vaudoise. Sans oublier Thierry Amsallem, le compagnon du créateur du Montreux Jazz.
Ce qui précède est piquant. Car si l’établissement a manifestement fait la fierté des autorités il y trois ans, au moment de son inauguration, il est en passe de devenir le fief de ceux qui refusent de se plier à ce qu’ils considèrent comme une dictature sanitaire.
Tout le monde est le bienvenu
Lynn Dardenne, qui s’avère également être conseillère communale PLR à Montreux, n’y va pas par quatre chemins pour exprimer sa méfiance envers les médias et ceux qui prennent des décisions dans notre pays: «Toutes ces injonctions et cette propagande n’existent que pour contraindre la population à se vacciner. C’est une sorte d’obligation déguisée», prétend-elle. La gérante ne souhaite pas procéder à des contrôles ou surveiller ses clients: «Nous ne sommes ni payés, ni compétents pour ce genre de services».
La quadragénaire va même plus loin. Lors d’une visite de routine de la police du commerce vendredi passé, elle a expliqué qu’elle ne souhaitait pas être prévenue, mais dénoncée. Son but: «Que mon cas fasse office de jurisprudence pour tous les autres! Mon établissement ne sera pas un lieu de ségrégation. Tout le monde est le bienvenu, vacciné ou pas».
Que faut-il attendre d'une éventuelle jurisprudence? Le cas de Lynn Dardenne serait-il, à terme susceptible d'invalider la décision du conseil fédéral? L'association «WIR FÜCH EUCH» regroupant des policières et policiers de toute la Suisse vient tout juste de publier un communiqué sur le sujet. D'après leurs analyses, la décision du Conseil fédéral serait anticonstitutionnelle. Ce groupement fait référence à l'article 10 de la Constitution, stipulant que «tout être humain a droit à la liberté personnelle, notamment à l’intégrité physique et psychique et à la liberté de mouvement». L'association estime également que l'ordonnance ne respecterait pas l'article 8 alinéa 1: «Tous les êtres humains sont égaux devant la loi», ainsi que l'alinéa 2: «Nul ne doit subir de discrimination du fait notamment de son origine, de sa race, de son sexe, de son âge, de sa langue, de sa situation sociale, de son mode de vie, de ses convictions religieuses, philosophiques ou politiques ni du fait d’une déficience corporelle, mentale ou psychique».
En attendant l'issue très incertaine d'une bagarre juridique, ses clients, ses employés et les autres restaurateurs la félicitent pour sa prise de position catégorique, affirme-t-elle. «Des tenanciers de restaurants dont je ne citerai pas le nom admirent la démarche qu’ils trouvent courageuse. Mais ils ont peur de faire pareil. Certains préfèrent accepter les gens sans pass, le tout en sous-marin. Du côté des clients, ils me soutiennent et sont contents d’être accueillis dans un lieu dépourvu de toute discrimination», nous confie la patronne.
Première étape avant le contrôle ultime
La réaction n'a pas tardé
Si jouer les révolutionnaires peut être excitant, Lynn Dardenne risque toutefois de devoir mettre la clé sous la porte, faute de respecter les règles mises en place. «Je vais peut-être devoir fermer. Mais je rouvrirai quand même et je ferai recours», signale-t-elle avant d’ajouter: «Je ne céderai pas, je dois me lever! Je veux faire ce que personne n’ose faire. Sinon, on va tout droit vers une société de contrôle ultime où chaque humain sera évalué comme une marchandise et la reconnaissance faciale sera de mise. Je ne veux pas de ça».