Il s’appelle Eden ou plutôt Eden-Alessio. Il est marié et papa d’une petite fille qu’il aime plus que tout. Eden est amoureux, bien dans sa tête, dans son corps, dans sa vie. Bref, Eden est heureux. Oui, sauf que la vie de ce jeune père de 32 ans n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Il n’a pas toujours été à l’aise avec son physique, il n’a pas toujours été heureux, il n’a pas toujours été un homme…
Dans ce premier épisode du podcast intitulé «Face au miroir», animé par Johan Djourou et coproduit par Blick, Eden se confie sur sa transition et son parcours tumultueux dans ses relations avec ses proches, jusqu'à l’acceptation de soi.
Aucune donnée sur les personnes transgenres
Car oui, Eden fait partie de ces Suisses qui ont décidé de changer de sexe. D’après les données du Conseil fédéral, il y aurait entre 100 et 200 personnes transgenres en Suisse ayant subi une opération. Toutefois, il n’existe encore aucune statistique suisse qui quantifie le nombre de personnes transgenres dans la population.
Mais manque de chiffres ne veut pas dire inexistence. Eden existe. Il a toujours existé. Née fille, c’est très tôt qu’il a compris que c’était bien un petit garçon qui se terrait à l’intérieur de cette enveloppe féminine. «J’adorais le foot. Je n’avais pas de Barbie. Et si j’en avais une dans les mains, je la pliais en deux pour en faire un pistolet», explique-il en souriant.
C’est dans une famille catholique très traditionnelle et aux origines napolitaines qu’Eden a grandit. Longtemps, ses proches «ont tous fait les autruches». Ils savaient tous qu’il était «un peu différent» ou «pas comme les autres filles». Mais peu importe, ce n’était peut-être qu’une passade. Et puis de toute façon, il y avait d’autres priorités: Tout comme son papa, Eden est atteint d’un diabète de type 1. Entre piqûres d’insuline et régimes alimentaires strictes, il fallait surtout qu’Eden soit en bonne santé.
La maladie: un mal pour un bien
Si la mère d’Eden l'a longtemps accompagné et pris soin de lui au sein du cocon familial, l’arrivée à l’âge adulte a changé la donne. Eden part de chez ses parents, il est insouciant, jeune et un peu fou. A bas les piqûres! Eden veut faire la fête, boire, fumer… Il sort, rencontre des gens; et c’est là, peut-être, qu'il va apprendre à mieux se connaître. C'est dans la maladie - et ses conséquences - qu’Eden va se révéler.
Petit à petit, il comprend qu’au fond, il n’est pas vraiment une femme, et décide d’entamer une transition. Mais pour arriver à ses fins, il signe une sorte d’échange de bons procédés avec son endocrinologue qui s’avère aussi être diabétologue: «Si tu veux tes hormones, il te faudra faire tes piqûres d’insuline, les noter et faire attention à ton alimentation». Prendre soin de lui, de sa santé, sera donc la condition sine qua non pour pouvoir changer d’enveloppe corporelle, et devenir un homme.
C’est avec beaucoup d’humilité, un brin d’humour et une belle dose de sincérité que le jeune homme explique son parcours pour atteindre le bonheur. Pour lui, c’est sûr: «Tomber malade, c’est la meilleure chose qui me soit jamais arrivée».