La stratégie climatique à long terme de la Suisse vise une réduction d'au moins 40% des émissions de gaz à effet de serre (GES) issues de l'agriculture à l'horizon 2020, relève le rapport de la Commission fédérale d'éthique pour la biotechnologie dans le domaine non humain (CENH) présenté lundi à Berne.
Cet objectif est inférieur à celui imposé à d'autres domaines, ce qui confère à l'agriculture un «statut spécial» injustifiable d'un point de vue éthique, critiquent les auteurs.
L'agriculture doit faire davantage d'efforts pour devenir plus «verte». Il serait juste qu'elle apporte sa contribution au même titre que les autres secteurs afin de combattre efficacement le changement climatique, même si elle a aussi pour mission de garantir la sécurité alimentaire du pays. Il est «extrêmement urgent» qu'elle s'adapte, soulignent les experts.
Faire face à la «volatilité climatique»
Il s'agit notamment de développer des méthodes de production qui puissent faire face à la «volatilité climatique», soit l'alternance imprévisible entre une sécheresse extrême et des précipitations exceptionnelles. La CENH «n'exclut pas» que les biotechnologies appliquées à la sélection végétale puissent contribuer à l'adaptation des plantes cultivées aux changements climatiques. Mais leur potentiel est difficile à évaluer pour l'instant.
L'urgence climatique est telle qu'il serait imprudent de trop miser sur la génomique ou les technologies d'émission négative (NET) de compensation. Les NET, relève le rapport, suscitent des «réserves légitimes» quant à la rapidité de leur développement.
Pour atteindre l'objectif de zéro émission nette et respecter l'engagement de la Suisse à limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré d'ici la fin du siècle (Accord de Paris), les NET doivent être développées au plus vite.
Mais cela ne suffira pas, mettent en garde les auteurs du rapport. Il faut d'abord veiller à ce que la quantité de GES à compenser au moyen de ces technologies soit «la plus infime possible».
Miser sur les technologies existantes
Pour ce faire, dans l'agriculture, «rien ne peut donc nous dispenser de réduire considérablement le nombre d'animaux de rente à l'échelle mondiale et nationale», prône le CENH. Il convient aussi de cultiver davantage de végétaux destinés à l'alimentation humaine et de réduire la consommation de viande et de lait.
Ces restrictions s'imposent même dans le cas où il serait possible, grâce au génie génétique, de diminuer les émissions de GES issues de l'élevage, poursuivent les spécialistes. Ils insistent: face à l'urgence climatique, il faut miser sur les technologies existantes.
Quoi qu'il en soit, «il ne semble pas possible» de réduire à zéro les émissions de GES, même en renonçant complètement à la détention des animaux de rente et à l'importation de produits d'origine animale, préviennent encore les experts. Les engrais et l'exploitation des sols entraîneront en effet toujours des émissions résiduelles, qui devront être compensées par des NET si l'on veut atteindre l'objectif «zéro net».
(ATS)