Relations Suisse-UE-Russie
Pour Ignazio Cassis, la Suisse «fait un pas» vers l'UE sans s'éloigner de Moscou

Le président de la Confédération Ignazio Cassis estime que la Suisse a fait des pas vers l'Union européenne depuis la rupture des négociations sur l'accord-cadre. Il estime aussi que les sanctions suivies par la Suisse contre la Russie n'ont pas éloigné Berne de Moscou.
Publié: 10.07.2022 à 06:49 heures
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Dernière mise à jour: 13.07.2022 à 18:22 heures
Ignazio Cassis est intéressé par l'idée de coopération européenne d'Emmanuel Macron (archives).
Photo: MICHAEL BUHOLZER

Ignazio Cassis regrette en particulier l'absence de progrès dans l'accès de la Suisse au programme Horizon Europe. «L'UE veut mettre la pression», ajoute-t-il dans un entretien diffusé par Le Matin Dimanche.

Il appelle Bruxelles à «sortir de certains dogmes» pour ne pas avoir un résultat qui ne fait que des perdants. «Si chacun fait un effort, on pourra stabiliser notre relation, voire l'étendre», ajoute-t-il.

«Coopération européenne»

Le ministre suisse des Affaires étrangères se dit «très heureux» de l'idée de «coopération européenne» lancée par le président français Emmanuel Macron. «J'ai pu en parler à Lugano avec le nouveau président du Conseil de l'UE, le premier ministre tchèque Petr Fiala. Il veut poursuivre ce débat autour d'une conférence dans son pays, à laquelle il m'a invité».

La secrétaire d'Etat du Département fédéral des affaires étrangères Livia Leu a mené trois entretiens exploratoires avec l'UE. Ces discussions doivent permettre de trouver une base commune pour de nouvelles négociations sur la future coopération entre Berne et Bruxelles.

Le Conseil fédéral ne souhaite plus négocier uniquement sur les questions institutionnelles encore en suspens avec l'UE, mais plutôt sur un paquet complet, comprenant un accord sur l'électricité, une réglementation en matière de sécurité alimentaire ainsi que des accords d'association dans les domaines de la recherche, de la santé et de la formation.

La conférence de Lugano n'a pas éloigné la Suisse de la Russie

Le président de la Confédération a d'autre part évoqué les relations entre la Suisse et la Russie après la Conférence de Lugano. «Notre position est claire depuis la reprise des sanctions de l'Union européenne. Nous avons choisi notre camp, celui des valeurs occidentales», explique-t-il dans «Le Matin Dimanche» et la «NZZ am Sonntag».

L'ambassade de Suisse à Moscou a eu des contacts «avant, durant et après» la conférence avec le ministère russe des affaires étrangères, précise le PLR tessinois. «Les Russes ont pris note de ce qui se passait. Ça n'a pas créé de réactions particulières».

Pas de remise en question

Le ministre suisse des affaires étrangères remarque que, même si Moscou a placé la Suisse dans le camp des «pays inamicaux», la Russie n'a pas remis en question le mandat de protection que la Suisse exerce pour la Russie en Géorgie.

Moscou n'a également pas rejeté le projet de mandat de puissance protectrice de la Suisse pour les citoyens ukrainiens en Russie, soumise par Berne à la suite d'une demande de Kiev. Les autorités russes «sont en train de l'analyser», poursuit-il.

«Réaction modérée»

En comparaison avec d'autres pays occidentaux, la réaction de la Suisse à l'invasion russe en Ukraine a été modérée, estime Ignazio Cassis, qui souligne qu'elle n'a pas expulsé de diplomates russes et n'a pas interdit les médias russes: «Ce sont des nuances, mais elles changent quand même notre positionnement.»

La position de la Suisse vis-à-vis de Moscou provoque des remous dans l'exécutif fédéral, reconnaît dans la «NZZ am Sonntag» le président de la Confédération. «Les opinions divergent aussi au sein du Conseil fédéral [...] Je m'en réjouis. Notre système politique vit de la diversité des opinions», dit-il.

Selon le groupe de presse CH-Media, la ministre de la Défense, Viola Amherd, avait voulu signer une déclaration sur l'exclusion des fonctionnaires sportifs russes, mais sa demande aurait été rejetée.

(ATS)

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