«Les débats sont terminés», a déclaré le président Jean-Louis Périès à l'issue de cette 148e et ultime journée d'audience. «L'audience est suspendue, elle reprendra normalement le mercredi 29 juin 2022, à partir de 17H00» , a-t-il ajouté. Comme le prévoit la procédure, il avait auparavant donné la parole aux 14 accusés présents devant la cour. Six autres accusés, dont cinq présumés morts, sont jugés en leur absence.
«Mes premiers mots seront pour les victimes», a déclaré le principal d'entre eux, le Français de 32 ans Salah Abdeslam. «Je vous ai présenté mes excuses. Certains vous diront qu'elles sont insincères, que c'est une stratégie (...) comme si des excuses pouvaient être insincères à l'égard de tant de souffrance».
L'accusation a requis contre lui la réclusion criminelle à perpétuité incompressible. Il s'agit de la plus lourde sanction prévue par le code pénal qui rend infime la possibilité d'une libération. «La perpétuité est sans doute à la hauteur des faits, mais pas à la hauteur des hommes qui sont dans le box», a affirmé le seul membre encore en vie des commandos ayant causé la mort de 130 personnes à Paris et à Saint-Denis le 13 novembre 2015.
«Je ne suis pas un assassin»
«L'opinion publique pense que j'étais sur les terrasses occupé à tirer sur des gens, que j'étais au Bataclan. Vous savez que la vérité est à l'opposé», a-t-il aussi dit. «J'ai fait des erreurs, c'est vrai, mais je ne ne suis pas un assassin, je ne suis pas un tueur. Si vous me condamniez pour assassinat vous commettriez une injustice».
Ses coaccusés s'étaient levés tour à tour avant lui pour redire leurs «regrets» ou «excuses» et «condoléances» aux victimes pour certains, et remercier leurs avocats. «Je fais confiance à la justice», «j'attends beaucoup de votre verdict», ont aussi dit plusieurs d'entre eux. Salah Abdeslam, quasiment muet durant l'instruction, s'est montré ambivalent pendant le procès. Il a oscillé entre arrogance, en se proclamant «combattant de l'Etat islamique» au premier jour d'audience le 8 septembre, et compassion, quand il a présenté, en larmes, ses «condoléances et (ses) excuses à toutes les victimes».
Au cours des débats, il a expliqué avoir renoncé à actionner sa ceinture explosive dans un bar du XVIIIe arrondissement de Paris par «humanité». «Quoi qu'on en dise, ce procès n'aurait pas du tout été le même si Salah Abdeslam avait gardé le silence. Il y aurait eu un profond sentiment d'échec si tel avait été le cas», avait fait valoir vendredi son avocat Martin Vettes lors des ultimes plaidoiries.
«Minimiser les faits»
Pas convaincu par le «numéro d'équilibriste» de Salah Abdeslam qui a cherché systématiquement à «minimiser les faits», le parquet national antiterroriste a requis la réclusion criminelle à perpétuité incompressible à son encontre.
La perpétuité a également été requise, avec une période de sûreté de 22 ans, à l'encontre de Mohamed Abrini, un ami d'enfance de Salah Abdeslam. Celui-ci a également beaucoup parlé durant l'audience, reconnaissant qu'il était «prévu pour le 13-Novembre», ne donnant cependant guère d'explications sur son renoncement.
Le parquet a aussi requis la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre de trois autres accusés qui ont référé garder le silence durant les débats. Il s'agit d'Osama Krayem, Sofien Ayari et Mohamed Bakkali. Au total, des peines allant de cinq ans d'emprisonnement à la perpétuité ont été requises contre les 20 accusés.
(ATS)