«Pas de patriotisme de guerre»
Un diplomate suisse affirme que les Russes peuvent s'informer sur l'Ukraine

Les Russes peuvent s'informer par eux-mêmes sur l'invasion de l'armée russe en Ukraine, malgré la propagande du Kremlin, affirme l'ancien ambassadeur suisse à Moscou Yves Rossier, qui s'est rendu à Moscou au début juin. L'ambiance y est «pesante, sombre», selon lui.
Publié: 04.07.2022 à 07:49 heures
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Dernière mise à jour: 04.07.2022 à 09:56 heures
Yves Rossier a été ambassadeur de Suisse en Russie de 2017 à 2020 (archives).
Photo: MAXIM SHIPENKOV / POOL

«On m'a dit que nous ne devions pas croire tout ce qui se raconte en Occident. Et je pense que c'est vrai», déclare Yves Rossier dans un entretien diffusé lundi par les journaux du groupe de presse CH-Media. Il dit ne pas avoir ressenti un patriotisme de guerre lors de sa dernière visite dans la capitale russe. «Je n'ai pas vu un seul 'Z'», la lettre utilisée par les soldats russes sur leur véhicule en Ukraine.

Si l'Occident et l'Ukraine ont commis des erreurs, «la responsabilité de la guerre incombe uniquement à la Russie. C'est clair», ajoute l'ancien ambassadeur. Mais la Russie a voulu faire partie de l'OTAN et de l'UE, assure-t-il. «Ce sont des occasions manquées.»

«De tels événements détruisent un pays»

S'ajoute à cela le point de vue occidental sur les manifestations de la place Maïdan en 2014 en Ukraine, ajoute Yves Rossier. «Ici, la lecture de l'Occident est vraiment erronée.» Il ne s'agissait pas d'un soulèvement contre un autocrate, mais d'une quasi-guerre civile, poursuit-il, soulignant que l'Ukraine a alors été contrainte à choisir entre l'Occident et la Russie. «De tels événements détruisent un pays.»

L'Ukraine, de son côté, est responsable de la non-application des accords de Minsk après l'annexion de la Crimée, estime le diplomate. Mais tout cela ne justifie pas une attaque contre un autre pays, lâche-t-il.

Lors de son mandat en Russie, Yves Rossier a rencontré plusieurs fois le président russe Vladimir Poutine. «Les deux ou trois fois où j'ai discuté avec lui, il m'a écouté et a répondu à mes arguments.» Les réunions étaient «très agréables».

(ATS)

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