Une alliance pas encore en vue
«Pas de vrais djihadistes», ou quand l'EI se moque des talibans

Les relations entre les talibans et l'Etat islamique sont actuellement très tendues. Selon les experts, cette situation pourrait toutefois évoluer avec une alliance des deux groupes islamiques.
Publié: 23.08.2021 à 19:54 heures
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Dernière mise à jour: 23.08.2021 à 20:32 heures
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Taliban en patrouille à Kaboul. Ils sont critiqués par les combattants de l'IS.
Photo: imago images/UPI Photo
Guido Felder, Jessica Chautems (adaptation)

Le succès des talibans en Afghanistan est susceptible d’inspirer les islamistes du monde entier. Les experts en terrorisme supposent qu’il pourrait y avoir d’autres attaques. Les extrémistes parmi les talibans et l’État islamique (EI) pourraient-ils même être en train de se serrer les coudes?

Pour le moment du moins, il n’y a aucun signe d’une alliance terroriste. Tout au contraire, l’EI se moque des talibans, affirmant qu’ils n’ont été victorieux en Afghanistan que grâce au départ des Américains.

Dans leur première intervention après la prise du pouvoir par les talibans, les représentants de l’EI ont reproché au mouvement afghan de ne pas mener un véritable djihad et ont exprimé des doutes quant à sa capacité à appliquer réellement la charia. L’EI réprouve également le fait que les talibans soient entrés en négociation avec l’Occident.

L’Etat islamique a même menacé d’attaquer l’aéroport de Kaboul, selon le gouvernement américain. «La menace est réelle, elle est aiguë, elle est persistante», a déclaré Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden.

L’EI considéré comme un envahisseur

L’EI est présent en Afghanistan depuis 2015 et se compose principalement d’anciens combattants talibans pakistanais qui ont mené des offensives militaires de l’autre côté de la frontière. Le groupe s’engage à plusieurs reprises dans des combats contre les talibans. En 2018 par exemple, 120 extrémistes ont été tués en trois jours dans la province afghane de Jausjan. Les talibans qualifient l’EI d'«envahisseur».

Même si les deux courants se basent sur l’islam, ils diffèrent profondément l’un de l’autre. Les talibans sont principalement composés par des Pachtounes, dont les revendications politiques se limitent à l’Afghanistan. Par contraste, l’EI est composé de membres arabophones qui, renforcés par des sympathisants du monde entier, veulent établir un califat mondial.

Guido Steinberg, expert en terrorisme et chercheur à la Stiftung Wissenschaft und Politik de Berlin, a déclaré à la Deutsche Welle (DW) que le djihadisme international est effectivement divisé en deux camps. «Le soi-disant État islamique, avec toutes ses provinces en Afghanistan, dans le Caucase, en Afrique, au Yémen, est tout aussi hostile aux talibans qu’à Al-Qaida.»

La nouvelle génération au pouvoir

Toutefois, malgré ces différences, les experts n’excluent pas une unification. Aujourd’hui, les talibans en Afghanistan travaillent déjà en étroite collaboration avec Al-Qaida. Jassim Mohamad, chercheur en terrorisme au Centre européen d’études sur le contre-terrorisme et le renseignement, explique à DW que les talibans et l’EI, auparavant hostiles, pourraient bien s’allier dans le futur. Il précise: «La prochaine étape pourrait être un accord entre les Talibans et l’EI. Un tel accord pourrait inclure, par exemple, une clause selon laquelle l’EI ne mènera ses opérations qu’en dehors de l’Afghanistan.»

Guido Steinberg n’exclut pas non plus une alliance terroriste. Il estime que les dirigeants d’aujourd’hui ont tiré les leçons des erreurs tactiques et stratégiques commises par leurs prédécesseurs. «Cela signifie qu’une nouvelle génération ne voudra peut-être pas poursuivre ces vieux conflits et travaillera plutôt ensemble», explique-t-il.


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