«David Sassoli est décédé le 11 janvier à 1h15 du matin au CRO (centre de référence d'oncologie) d'Aviano, Italie, (au nord de Venise, ndlr) où il était hospitalisé» depuis fin décembre, a annoncé sur Twitter Roberto Cuillo, le porte-parole de David Sassoli.
«La date et le lieu des funérailles seront communiqués dans les prochaines heures», a-t-il ajouté.
Lundi dans l'après-midi, son porte-parole avait annoncé l'hospitalisation de David Sassoli «en raison d'une complication grave due à un dysfonctionnement du système immunitaire» et l'annulation de ses activités officielles.
Ayant souffert par le passé d'une leucémie, il avait déjà été hospitalisé cet automne pour une pneumonie qui l'avait tenu éloigné du Parlement européen pendant plusieurs semaines.
Ancien journaliste présentateur de journaux télévisés en Italie avant de se tourner vers la politique, David Sassoli était à la tête de l'assemblée de Strasbourg depuis 2019. Son mandat se terminait ce mois-ci, à la moitié de la législature quinquennale.
L'élection pour sa succession, à laquelle il avait été un temps question qu'il se représente, est actuellement prévue le 18 janvier.
Son groupe, les sociaux-démocrates (S&D), deuxième force politique au Parlement européen, avait renoncé à la mi-décembre à présenter un candidat, ouvrant la voie à l'élection de la candidate du PPE (droite), l'actuelle première vice-présidente du Parlement, la Maltaise Roberta Metsola.
«Vrai démocrate»
Interrogé sur la chaîne de télévision Rai News 24, Roberto Cuillo, a rendu hommage à «un homme bon, tenace et combatif», avec une «attention constante aux plus vulnérables». «C'était un vrai démocrate. Il croyait à la rencontre des différentes cultures», a-t-il ajouté.
Le ministre de la Culture italien, Dario Franceschini (Parti démocrate, PD), lui a rapidement rendu hommage sur Twitter: «Ciao David, ami de toute une vie», dans un message accompagné d'une photo de David Sassoli.
Ces dernières heures, de nombreux internautes dont plusieurs personnalités politiques en Italie avaient témoigné de leur soutien à David Sassoli sur les réseaux sociaux, utilisant le hashtag #ForzaDavid ("Courage, David"), à l'unisson de messages de soutien émanant de responsables des institutions européennes et d'eurodéputés.
Député européen depuis 2009 sans discontinuer avec un échec aux élections municipales de Rome en 2013, David Sassoli avait été élu président du Parlement européen en juillet 2019 à la faveur de tractations entre les grandes forces politiques européennes pour les principaux postes à responsabilité de l'UE.
La droite, qui avait obtenu la présidence de la Commission avec Ursula von der Leyen, et les libéraux-centristes, représentés au Conseil par Charles Michel, avaient également voté pour lui.
Mais son mandat, dans lequel il s'est beaucoup impliqué, a été rapidement mis à mal par la crise sanitaire, qui a obligé le Parlement européen, seule institution européenne élue, à travailler à distance.
Emotions des députés européens
Par solidarité en pleine pandémie, David Sassoli avait marqué les esprits en mettant à disposition les locaux désertés du Parlement, tant à Strasbourg qu'à Bruxelles pour la préparation de repas pour les personnes dans le besoin, l'installation d'un centre de dépistage ou pour servir de refuge à des femmes isolées.
Des eurodéputés exprimaient leur émotion peu de temps après l'annonce du décès: «Je suis extrêmement triste. Son travail pour moderniser le Parlement de fond en combre était visionnaire, et j'espère que nous pourrons achever les tâches qu'il avait entreprises» pour réformer l'institution, a ainsi réagi l'eurodéputée danoise Karen Melchior (Renew, libéraux).
«J'ai le cœur brisé. L'Europe a perdu un leader, j'ai perdu un ami, la démocratie a perdu un champion», a indiqué de son côté l'eurodéputée maltaise Roberta Metsola, pressentie pour lui succéder.
Discret mais ferme dans sa tenue des débats dans l'hémicycle tant à Strasbourg qu'à Bruxelles, David Sassoli avait reçu le «soutien unanime» de son groupe politique en novembre pour briguer un second mandat. Mais il ne s'était alors pas lui-même déclaré officiellement candidat, et son état de santé laissait planer une incertitude sur cette candidature.
«On n'est pas là pour parler de moi, je suis au service de mon groupe», avait-il prudemment déclaré aux eurodéputés S&D. Le groupe avait préféré, mi-décembre, renoncer à présenter un candidat.
(AFP)