Lundi soir, Abdesalem L.*, 45 ans, a tué deux Suédois à l'aide d'un fusil dans la capitale belge Bruxelles et blessé grièvement un chauffeur de taxi. Les enquêteurs considèrent l'événement d'acte à caractère terroriste. Mardi matin, le quarantenaire a été appréhendé par la police dans un café à Schaarbeek. Il a été touché par balle lors de son arrestation et transporté à l'hôpital avec des blessures au niveau de la poitrine. Mais l'homme n'a pas survécu et est décédé de ses blessures dans l'ambulance.
Ce Tunisien d'origine vivait dans la commune de Schaarbeek. Le soir même, des unités spéciales ont perquisitionné son domicile. Sa femme a été arrêtée par la police. Selon les médias, elle a été interrogée toute la nuit.
Condamné par un tribunal en Tunisie
Abdesalem L. séjournait illégalement en Belgique. Il y avait certes requis l'asile en 2019, mais sa demande avait été rejetée en 2020. «Peu après, il a disparu des radars», a déclaré la secrétaire d'État belge à la migration, Nicole de Moor. En mars 2021, on lui avait demandé de quitter le pays. Mais l'homme en a fait qu'à sa tête: en juin 2022, il a été aperçu dans une mosquée de Bruxelles.
Quelques mois plus tard, le résident d'un centre d'asile a signalé qu'il avait été menacé par l'auteur présumé de l'attaque via les réseaux sociaux. Quelque temps plus tard, on a appris que Abdesalem L. avait déjà été jugé et condamné dans son pays, mais pas pour des délits en lien avec le terrorisme.
Connu de la police, mais pas surveillé
En 2016 déjà, une «autorité policière étrangère» avait transmis aux Belges des informations selon lesquelles l'homme avait un profil radicalisé et souhaitait partir faire le djihad dans une zone de conflit. C'est ce qu'a annoncé mardi le ministre belge de la Justice Vincent Van Quickenborne. «Il y avait à l'époque d'innombrables messages de ce type, des dizaines de messages par jour», a déclaré le ministre. Ils ont été vérifiés et analysés sans conclusion particulière. «En outre, à la connaissance de nos services, il n'y avait pas d'indices concrets de radicalisation.»
L'homme avait certes attiré l'attention de la police dans le cadre de trafics d'êtres humains, de séjours illégaux et de mise en danger de la sécurité de l'État. Mais c'était apparemment trop peu pour le surveiller de près. Une erreur d'appréciation, semblerait-il.
Sur sa page Facebook, supprimée entre-temps, il se faisait appeler Slayem S.*. Il y avait plus de 3000 amis. Au moment de l'attaque, il a publié une vidéo dans laquelle il prêtait allégeance à l'État islamique (EI) et annonçait qu'il avait attaqué «trois Suédois». Il s'est également décrit comme un «guerrier sur le chemin d'Allah».
La Suède menacée
Selon les enquêteurs, il n'existe aucun lien entre la fusillade de Bruxelles et le conflit entre Israël et la Palestine. Au contraire, une relation avec la situation en Suède est «très, très probable», a rapporté «Het Laatste Nieuws» en citant des milieux policiers et des sources politiques. Dans ce pays, des blasphèmes à l'Islam, où des Corans ont été brûlés, ont provoqué de grosses tensions. Le Premier ministre belge Alexander De Croo a assuré: «Il a ciblé la Suède.»
Ce mardi, en réaction à l'événement, le Premier ministre suédois a affirmé que la Suède est plus que jamais menacée. «Jamais, dans l'Histoire récente, la Suède et les intérêts suédois n'ont été aussi menacés qu'aujourd'hui», a déclaré Ulf Kristersson en conférence de presse, confirmant qu'il s'agit «d'un attentat terroriste ciblant des Suédois».
Le tireur présumé avait également un compte Tiktok, où il suivait entre autres un profil anti-suédois appelé «Sweden Injustice». «Sweden Injustice» partage de nombreuses théories du complot, prétendant par exemple sans preuve que les enfants musulmans sont enlevés par les services sociaux suédois.
Passage à Lampedusa en 2011
Selon des sources italiennes, reprises par Europe 1, l'auteur présumé est arrivé à Lampedusa, une île au sud de l'Italie, en 2011. C'est par ailleurs le cas d'autres membres du commando des attentats du 13 novembre qui auraient pu pénétrer en Europe via les flux migratoires. Il était suivi pour radicalisation par les services de renseignement italiens.
* Nom connu