Ex-membre de la Fraction armée rouge
Recherchée depuis 30 ans, elle vivait tranquillement sous un faux nom

Elle était recherchée depuis 30 ans. La police allemande a enfin mis la main sur l'ex-membre de l'organisation terroriste Fraction armée rouge, Daniela Klette. Arrêtée dans son appartement à Berlin, elle y vivait depuis plus de 20 ans sous un faux nom.
Publié: 28.02.2024 à 12:24 heures
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Daniela Klette vivait sous un faux nom: Claudia
Photo: Facebook
Roman Neumann

Elle a les cheveux attachés en natte, un sourire discret, quelques mèches grisonnantes sur le visage: une femme discrète d'une soixantaine d'années, la voisine sympathique d'à côté. Daniela Klette, ex-membre de l'organisation terroriste Fraction armée rouge (RAF), vivait anonymement à Berlin avec un chien, dans un immeuble locatif, au cinquième étage.

Elle vivait ici depuis 20 ans sous le nom de «Claudia», elle était «en fait très gentille», expliquent les voisins. Elle aurait par exemple donné des cours privés de mathématiques. Un voisin raconte avoir reçu des biscuits de sa part à Noël. Mais Claudia n'aurait entretenu que des contacts plutôt superficiels avec le voisinage.

Un gros chien et un profil Facebook

«Elle disait toujours bonjour», a rapporté mardi une adolescente du voisinage. «Je l'ai toujours vue seule avec son chien et son vélo.» Si elle aurait eu un peu peur du gros chien de la femme de 65 ans, sa maîtresse, elle, avait l'air tout à fait sympathique. Claudia n'a jamais été accompagnée, décrivent plusieurs riverains. Sous son faux nom, elle avait également un profil Facebook, où elle postait des photos d'elle avec des amis de son groupe de capoeira.

Mardi, des policiers sortent de son appartement avec de grosses caisses sous la main. La femme de 65 ans est en détention provisoire depuis lundi soir pour plusieurs vols, comme l'a annoncé mardi à Hanovre le parquet de Verden et l'office criminel du Land de Basse-Saxe.

Munitions dans l'appartement

Elle n'a pas opposé de résistance lors de son arrestation, a fait savoir le chef de la police judiciaire (LKA) Friedo de Vries. Lors de la perquisition, les enquêteurs ont trouvé entre autres des chargeurs d'arme et des cartouches. Aucune arme n'a été trouvée jusqu'à présent.

L'arrestation par les enquêteurs a été précédée de plusieurs années d'enquête sous la direction du parquet de Verden (Basse-Saxe). Celui-ci reproche à la prévenue «entre autres plusieurs vols et tentatives de meurtre qu'elle aurait commis en collaboration avec ses complices présumés Ernst-Volker Staub et Burkhard Garweg», selon le communiqué de la police. Ernst-Volker Staub, 69 ans, et Burkhard Garweg, 55 ans, sont eux toujours recherchés.

Nouvelle arrestation à Berlin

Peu après l'arrestation de Daniela «Claudia» Klette, les enquêteurs ont également mis la main sur une autre personne à Berlin. Il s'agit d'un homme «dans la tranche d'âge recherchée», a déclaré le président de la LKA, Friedo de Vries. L'identité de la personne arrêtée est encore en cours de clarification. Il n'est pas certain que son document d'identité soit authentique, a-t-il ajouté.

Le parquet de Verden et la police judiciaire de Basse-Saxe recherchent depuis des décennies le trio Daniela Klette, Ernst-Volker Staub et Burkhard Garweg. Ils sont considérés comme appartenant à la troisième génération de la Fraction armée rouge.

Le monde politique allemand réagit

Daniela Klette est entre-temps en détention provisoire. Selon la police judiciaire, elle a été transportée mardi par hélicoptère à Brême, d'où elle a été transférée au tribunal d'instance de Verden. Un juge a émis un mandat d'arrêt contre la femme de 65 ans. A la demande du parquet de Verden, un mandat de perquisition a en outre été délivré pour son appartement.

La ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser (SPD) voit également dans l'arrestation de l'ancienne terroriste de la RAF un signal important pour les victimes des actes de la Fraction armée rouge. «Ce succès de l'enquête est le fruit de décennies de travail d'investigation inlassable. L'État de droit a montré sa ténacité et sa persévérance. Personne ne devrait se sentir en sécurité dans la clandestinité», a-t-elle déclaré, citée dans un communiqué de son ministère.

«Cette arrestation montre que la persévérance des autorités d'enquête porte ses fruits», a également déclaré la sénatrice de Berlin Felor Badenberg (sans parti). «Il était crucial de maintenir la pression des poursuites afin de protéger la population contre d'autres actes graves.»

Attentats à l'arme à feu et à l'explosif

Selon les informations de l'agence de presse allemande, Daniela Klette est soupçonnée d'avoir participé à une attaque à l'arme à feu contre l'ambassade américaine à Bonn en 1991. On la soupçonne également d'avoir participé à un attentat à l'explosif contre l'établissement pénitentiaire de Weiterstadt (Land de la Hesse) en 1993. Des traces indiquent qu'elle était également présente sur les lieux de l'action antiterroriste de 1993 à Bad Kleinen, dans le Mecklembourg. Le policier Michael Newrzella et le membre de la Fraction armée rouge Wolfgang Grams étaient alors morts lors de cette action.

Après l'arrestation de Daniela Klette, l'expert de la RAF Butz Peters espère que les actes de la troisième génération de l'organisation seront largement élucidés. Il s'attend à ce que les enquêteurs proposent maintenant à la femme de 65 ans de collaborer: «Elle devra se décider.»

Des braquages sans motivations politiques?

Des représentants de la troisième génération de la RAF auraient tué Alfred Herrhausen, alors patron de la Deutsche Bank, et Detlev Karsten Rohwedder, patron de l'agence chargée de la privatisation des biens publics après la chute du mur de Berlin. Les auteurs et le motif restent toutefois inconnus à ce jour. Detlev Karsten Rohwedder avait été abattu le 1er avril 1991 à Düsseldorf, à son bureau, dans sa maison. Le commando de la RAF avait alors revendiqué le crime. Il s'agit de la dernière tentative d'assassinat attribuée à l'organisation d'extrême gauche.

Les autorités accusent Burkhard Garweg, Ernst-Volker Staub et Daniela Klette de tentative de meurtre et d'une série de vols qualifiés entre 1999 et 2016. Les lieux des crimes se trouvaient donc en Basse-Saxe et en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Le parquet part du principe que les braquages n'étaient pas motivés par des raisons politiques. Les prévenus auraient commis ces actes dans l'unique but de se faire de l'argent.

«Bande à Baader-Meinhof»

Issue de la frange radicale du mouvement étudiant de 1968 et connue sous le nom de «Bande à Baader-Meinhof» – les patronymes de ses fondateurs Andreas Baader et Ulrike Meinhof – la RAF prônait une «guérilla urbaine» visant le gouvernement et l'élite allemande.

Au nom de la lutte anti-impérialiste, ses membres ont ébranlé la République fédérale d'Allemagne (RFA) via des attentats, enlèvements et assassinats visant les «hauts dirigeants de l'économie et de l'Etat» et les forces américaines.

Ces «années de plomb» furent notamment marquées par les assassinats du Procureur fédéral Siegfried Buback, du banquier Juergen Ponto et du président du patronat, Hanns-Martin Schleyer, et par l'échec du détournement d'un avion allemand sur Mogadiscio, en Somalie, par un commando palestinien qui exigeait la liberté pour Andreas Baader et ses complices.

Ses principaux leaders, dont Ulrike Meinhof et Andreas Baader, se sont suicidés en prison dans les années 70. Les actes de la RAF ont fait 34 morts, avant que le groupe ne s'auto-dissolve en avril 1998.

(Blick, avec l'ATS)

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