«J'ai opté pour la dissolution de l'Assemblée de la République et la convocation d'élections le 10 mars», a déclaré le chef d'Etat conservateur lors d'une allocution télévisée.
Le président a en outre remercié M. Costa «pour sa disponibilité» à continuer de diriger le gouvernement jusqu'à l'entrée en fonction de son successeur. Le président conservateur s'exprimait après avoir entendu pendant près de quatre heures les membres du conseil d'Etat, une instance consultative, sur la situation politique du pays.
M. Rebelo de Sousa a choisi de convoquer des élections, comme le réclamaient les principaux partis de l'opposition de droite et de gauche qu'il a reçu mercredi, alors que les membres du conseil d'Etat n'y semblaient pas favorables, a-t-il précisé.
Les Portugais, favorables à des élections
Le choix de passer par des élections est également l'option que semble partager une majorité de Portugais. Près de deux-tiers y sont favorables, d'après un sondage réalisé par l'Institut Aximage et publié jeudi dans le quotidien Correio da Manha.
Le chef de l'Etat n'a en revanche pas retenu la solution défendue par les Socialistes, qui auraient préféré une continuité, avec la désignation d'un nouveau Premier ministre qui gouvernerait soutenu par la majorité dont ils disposent au Parlement depuis 2022. Cette issue ne serait pas idéale car le Premier ministre «ne serait pas légitimé par le vote populaire», a expliqué le président.
En cas d'élections, le PS avait toutefois indiqué qu'il préférait qu'elles se tiennent en mars pour lui laisser le temps de trouver un successeur à M. Costa comme Secrétaire général. Les dirigeants socialistes ont convoqué une réunion jeudi soir au siège du parti à Lisbonne.
Le principal parti de l'opposition de droite a quant à lui applaudi la décision du président. «Il était inévitable de redonner la parole aux Portugais» afin de «rétablir le prestige, la crédibilité et la confiance dans les institutions démocratiques», a aussitôt réagi Luis Montenegro, président du Parti social démocrate (PSD).
Adoption du budget d'Etat
La décision de convoquer des élections dans quatre mois permettra aussi au gouvernement d'adopter le budget de l'Etat pour l'année prochaine, dont le vote final est prévu le 29 novembre. Cela «permettra d'assurer la stabilité économique et sociale indispensable», a rappelé le président.
Le Premier ministre a créé la surprise en démissionnant mardi, après son implication dans un scandale de corruption. Cette affaire a déjà conduit à l'inculpation de son ministre des Infrastructures Joao Galamba et à l'arrestation de son chef de cabinet Vitor Escaria, limogé jeudi.
L'enquête porte notamment sur des soupçons de «corruption» et de «trafic d'influence» dans l'attribution de concessions pour l'extraction de lithium et la production d'hydrogène vert, selon le parquet. Soupçonné d'être intervenu «pour débloquer des procédures» dans le cadre de cette affaire, Antonio Costa fera «l'objet d'une enquête» autonome.
Scandales à répétition
«J'espère que le temps (...) permettra de clarifier ce qui s'est passé», a dit le président qui a appelé au «respect de la présomption d'innocence». M. Costa, l'un des rares socialistes à la tête d'un gouvernement européen, s'est défendu avoir commis une quelconque illégalité.
Arrivé au pouvoir en 2015, il a profité d'une conjoncture favorable pour détricoter les mesures d'austérité mises en oeuvre par la droite en échange d'un plan de sauvetage international accordé en 2011, tout en continuant à assainir les comptes publics.
Après sa large victoire électorale le 30 janvier 2022, qui lui a donné une majorité absolue censée garantir la stabilité de son gouvernement, M. Costa a vu sa popularité dégringoler en raison de scandales à répétition.
(ATS)