L'instance n'a pas approuvé un projet de décision portée par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie et plusieurs pays nordiques. Celui-ci a été rejeté par 19 Etats, contre 17 qui étaient favorables et 11 abstentions. Symbole de l'importance de ce vote, la Chine et les pays africains et latino-américains qui ont soutenu Pékin ont largement applaudi, s'attirant les remontrances du président.
Après le rejet du renouvellement d'une investigation internationale sur le Yémen en 2021, celui de jeudi constitue un revers pour la communauté internationale. Certains disent que la crédibilité du Conseil des droits de l'homme est entachée.
«Trahison pour les victimes ouïghoures»
L'ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé «un abandon de responsabilité» et une «trahison pour les victimes ouïghoures». Mais elle relève également le nombre grandissant d'Etats qui souhaitent que la situation au Xinjiang soit abordée.
Cette réunion sur les violations des droits humains dans la province chinoise, attendue en février ou mars prochain, aurait dû constituer un suivi du rapport du Haut-Commissariat aux droits de l'homme. Celui-ci avait dénoncé de possibles crimes contre l'humanité contre les Ouïghours et d'autres minorités musulmanes.
Accusation «crédibles», selon l'ONU
Plus d'un million de personnes au moins seraient retenues dans des camps d'internement. Selon l'ONU, les accusations de torture, de soins contraints, de violences sexuelles dans les centres de détention ou encore de contrôle forcé des naissances «semblent crédibles».
Le Haut-Commissariat dit que ces violations sont largement répandues, alors que la Chine, elle, affirme lutter contre le terrorisme. De leur côté, les Etats-Unis, comme certaines ONG, parlent même de «génocide» contre ces communautés musulmanes. La Suisse a dénoncé à plusieurs reprises les crimes au Xinjiang et elle souhaitait un suivi du rapport du Haut-Commissariat.
En présentant le projet de décision, Washington avait tenté de désamorcer les doutes de certains Etats, en affirmant que celui-ci ne «prenait pas position» sur le contenu, mais ne prévoyait qu'un dialogue. «Aucun pays, quelle que soit sa puissance, ne devrait être exempt» de la surveillance de ses droits humains, a dit l'ambassadrice des Etats-Unis.
«Politisation» des droits humains, selon Pékin
Son homologue chinois lui a opposé une interférence dans les affaires intérieures de son pays. Il dénonce une volonté de légitimer le rapport «illégal» de l'ONU et une «politisation» des droits humains, répétant les objections habituelles relayées par son gouvernement. Il a mis en garde contre de nouvelles «confrontations» et il aura réussi à rallier les pays en développement qui, selon lui, seront «demain» victimes de manoeuvres similaires.
Ces dernières semaines, Pékin a multiplié les offensives diplomatiques pour tenter d'éviter un projet de décision ou de résolution. Déclarations communes avec ses alliés devant le Conseil des droits de l'homme, conférence de presse de plus de deux heures d'une délégation du Xinjiang ou exposition controversée qui vantait la sécurité pour tous dans cette région, plusieurs approches ont été menées.
Projet de résolution contre la Russie à l'ONU
Dans un Conseil des droits de l'homme plus polarisé que jamais, les incertitudes étaient nombreuses sur la possibilité d'obtenir une majorité avec ce projet de décision. Avant le vote, Pékin avait dénoncé le rapport comme une initiative du Haut-Commissariat sans mandat de l'instance. Selon elle, celui-ci multiplie les «erreurs» et les «mensonges» et montre une «instrumentalisation par les pays occidentaux».
Outre la Chine, la Russie fait aussi l'objet d'un assaut devant le Conseil. Un projet de résolution, déposé par la plupart des membres de l'UE, sera examiné d'ici vendredi. Face à la répression des opposants, un mandat de rapporteur spécial sur ce pays pourrait être lancé par l'instance onusienne.
(ATS)