La Suisse est-elle si chère au cœur politique d’Emmanuel Macron? Le président français investi samedi 7 mai pour un second mandat vient en tout cas d’y envoyer en mission électorale l’un de ses plus proches compagnons. Alors que Blick avait été informé de la probable candidature de Prisca Thévenot pour la circonscription des Français de Suisse et du Liechtenstein, c’est à cet économiste de 44 ans, professeur à Sciences-po Paris, que revient le soin de récupérer ce siège perdu après la défection de l’ex député de La République en marche Joachim Son-Forget, désormais rallié à Éric Zemmour sans toutefois obtenir l'investiture du parti Reconquête en 2022 pour sa circonscription.
Son-Forget, allié de Zemmour
Radiologue de profession, ce dernier avait mené la campagne d’Emmanuel Macron en Suisse avant d’être brillamment élu dès le premier tour en juin 2017 (un second tour avait dû être organisé en raison de la participation trop faible, remporté avec 74,9% et une abstention à 81,2%). Joachim Son-Forget avait claqué en 2018 la porte du parti présidentiel, après une série de déclarations controversées. Il se trouvait, le 5 décembre, aux côtés d’Éric Zemmour lors de son premier meeting à Villepinte, près de Paris. Il avait un temps envisagé de se présenter dans le département français où il a grandi: la Haute-Saône. Il n’avait pas réussi, en décembre 2021, à se faire élire conseiller des Français de l’étranger. Le candidat du parti Reconquête pour la Suisse sera Philippe Tissot, dirigeant d'une entreprise de conseil dans le canton de Vaud.
Ferracci-Macron, deux complices
Du coté de la majorité présidentielle, le profil de Marc Ferracci colle à celui d’Emmanuel Macron dont il est un ami proche. Tous deux ont le même âge, 44 ans. Tous deux ont été témoins de leur mariage respectif. L’épouse de Marc Ferracci, avocate d’affaire, avait été en 2017 cheffe de cabinet du candidat d’En Marche. Son père, Pierre Ferracci, patron du groupe de conseil Alpha est un entrepreneur souvent consulté par le président. Marc Ferracci connaît également bien Alexis Kohler, le puissant secrétaire général de l’Élysée (le premier collaborateur du chef de l’État) lié sur le plan familial à la dynastie Aponte, propriétaire de MSC, le géant du transport maritime basé à Genève, pour lequel il a travaillé en 2016-2017. Dans «L’Emprise» (Ed. Seuil), son livre d’enquête très fouillé sur Emmanuel Macron et les milieux d’affaires, le journaliste Marc Endelweld s’attarde sur le rôle joué par Alexis Kohler à MSC. Des liens qui ont poussé le Parquet national financier à ouvrir une enquête. Laquelle, d’abord classée sans suite, a été réouverte en 2020 suite à une nouvelle plainte de l’association Anticor de lutte contre la corruption.
Deux autres candidates
Avec la candidature désormais officielle de Marc Ferracci, et malgré le fait qu’il ne réside pas en Suisse et qu’il n’est pas particulièrement familier du pays, la Confédération, et ses 148’705 électeurs inscrits (le chiffre de l’élection présidentielle), devient presque une affaire de famille pour le président français qui n’a pas hésité à s’inspirer du modèle suisse en matière d’apprentissage, pour réformer le système de formation professionnelle sous son premier mandat. L’Union populaire de gauche sera représentée par une résidente française en Suisse, Magali Mangin. Le parti Les Républicains (droite) avait préalablement accordé son investiture à une résidente genevoise, Régine Mazloum-Martin, violoncelliste et engagée dans le tissu associatif.