Accusations et mensonges
Au Stade de France, l'UEFA doit faire gagner la vérité

Les nouvelles auditions au Sénat Français du préfet de police de Paris et du maire de Liverpool, Steve Rotheram n'ont fait que confirmer les deux versions opposées du chaos survenu le 28 mai lors de la finale de la Ligue des Champions. L'UEFA doit obtenir des réponses.
Publié: 09.06.2022 à 21:31 heures
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Dernière mise à jour: 10.06.2022 à 09:11 heures
Les auditions du préfet de police de Paris et du maire de Liverpool ne font que figer les divers points de vue suite au chaos survenu au Stade de France, en marge de la finale de Ligue des champions, remportée par le Real Madrid le 28 mai dernier.
Photo: CameraSport via Getty Images
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Richard WerlyJournaliste Blick

Il ne faut pas attendre la vérité des autorités françaises sur le chaos survenu aux abords du stade de France le soir du 28 mai, privant des milliers de supporters de Liverpool de l’entrée dans l’enceinte sportive où leur équipe a perdu 0-1 contre le Real Madrid. L’audition par le Sénat Français, jeudi 9 juin, du préfet de police Didier Lallement, n’a fait que conforter la version donnée, le 1er juin, par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

«A l’évidence, ce fut un échec»

Un chaos? Certainement. «A l’évidence, ce fut un échec, car des personnes ont été bousculées ou agressées et l’image du pays a été ébranlée» a reconnu le responsable de la sécurité dans la capitale. Mais du côté des responsabilités, la version Française reste la même. Haro sur les «30 000 à 40 000» supporters anglais sans billets ou munis de faux tickets et donc, sur la fraude footballistique à grande échelle qui sévirait outre-manche, rendue possible du côté britannique par le recours à des billets traditionnels «papiers», faciles à falsifier.

«Une soirée de rêve devenue un cauchemar»

Cette accusation a, sans surprise, été rejetée par le maire de Liverpool Steve Rotheram, présent à Paris le 28 mai pour cette «soirée de rêve devenue un cauchemar». Qui croire dans ces conditions, alors que des policiers français anglophones ont été dépêchés outre-Manche pour enregistrer les plaintes des supporters lésés? La réponse tient dans l’enquête que l’UEFA basée à Nyon (VD) a décidé d’ouvrir le 31 mai, compte tenu de l’émotion internationale suscitée par cette finale gâchée de Ligue des Champions. Une enquête que l’organisation faîtière du football européen se doit de mener de façon transparente et la plus publique possible, car les accusations sont graves.

Si des faux billets ont bien circulé en masse, des chiffres sur l’ampleur de ce trafic et des informations sur ses responsables sont indispensables. Si, comme les médias anglais l’affirment, le chaos est venu de bandes organisées de délinquants français, fin connaisseurs des goulots d’étranglement à la sortie du métro propices aux vols et aux échauffourées, la totalité des images disponibles et exploitables doit être visionnée.

Des images supprimées car «non réclamées par la justice»

Impossible, en effet, d’entendre dire que la Fédération française de football (FFF) que les images des 220 caméras de vidéo surveillance de l'intérieur du stade n’ont pas été conservées, parce que «non réclamées par la justice». Elles montraient, parait-il, des scènes «particulièrement violentes» entre supporters et stadiers aux tourniquets et aux consignes. Certes, la préfecture de police de Paris dit disposer d'autres images, prises elles à l'extérieur du stade. Mais qui croire ? L’affirmation des autorités françaises selon lesquelles tous les incidents recensés ont eu lieu du côté des accès réservés aux supporters britanniques mérite d’être vérifiée. Pas besoin d’autres auditions devant les sénateurs. Pas besoin d’autres questions posées par quelques parlementaires devant des travées vides, à trois jours du premier tour des élections législatives ce dimanche 12 juin.

Un magistrat français a dit, en quelques mots, ce que tout le monde pense de cette affaire. Ancien juge spécialisé dans la délinquance financière, aujourd’hui investi dans l’association anticorruption Anticor, Eric Halphen a commenté la suppression des images d’un fatidique: «Je ne vois pas ce qui empêchait de conserver les vidéos même si le parquet ne les avait pas réclamées…». Bien dit. Pourquoi le ministère français de l’intérieur n’a-t-il pas fait en sorte que ces éléments indispensables pour toute enquête soient mis à l’abri? Une question écrite, formelle adressée au gouvernement français sur ce point par le président de l’UEFA, le juriste slovène Aleksander Ceferin, aurait l’immense mérite d’obliger Paris à prendre ses responsabilités.

Faire gagner la vérité

A l’heure où la réputation de la FIFA se retrouve à nouveau entachée dans le procès Platini-Blatter devant le tribunal fédéral de Bellinzone, l’UEFA doit prouver sa probité et enclencher la vitesse supérieure pour faire gagner la vérité bafouée ce soir du 28 mai. Son communiqué, trois jours plus tard, après les excuses formulées aux supporters, annonçait «un rapport indépendant et complet sur les événements entourant la finale de la Ligue des champions. Il permettra de comprendre les décisions prises, la responsabilité et les comportements de toutes les entités impliquées le jour de la rencontre». Il est urgent de le boucler et d’en dévoiler au plus vite le contenu intégral. Sans rien faire disparaître.

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