Au moment où vous lisez ces lignes, le président américain Joe Biden se trouve encore dans le comté anglais de Cornouailles, à l'occasion de de la première réunion en face-à-face des États du G7 depuis 2019.
Les objectifs de Joe Biden sont les suivants: resserrer les rangs avec ses alliés des démocraties occidentales, trouver une ligne commune contre le rival géopolitique qu'est la Chine et contre la Russie. Après une visite à la reine Elizabeth II au château de Windsor et à l'OTAN à Bruxelles, le président américain se rendra finalement à Genève afin d'y rencontrer mercredi Vladimir Poutine, son homologue russe.
La situation qui prévaut à la veille de cette rencontre cruciale est pour le moins délicate. En témoigne le fait que les ambassadeurs respectifs ont déserté le champ diplomatique. Il y a trois mois, Moscou a en effet retiré son représentant aux États-Unis après que Joe Biden a qualifié Vladimir Poutine de «tueur» lors d'une interview télévisée. L'ambassadeur américain en Russie a pour sa part quitté Moscou il y a deux mois, en réponse à des pressions exercées sur lui.
Autant dire que les relations entre les deux grandes puissances sont au plus mal, sans doute aussi mauvaises qu'à l'époque soviétique. Dans pareilles circonstances, le sommet de Genève est porteur d'espoirs plutôt limités. «Malheureusement, ce serait déjà un succès si la situation ne s'aggravait pas davantage», déclare à Blick Benno Zogg, expert en sécurité de l'EPFZ. Le monde entier attend avec impatience l'issue de cette rencontre cruciale. Voici ce que vous devez savoir sur le sommet diplomatique de l'année.
Les thèmes
Le renouvellement du mandat des deux ambassadeurs serait déjà un succès. Sinon, le désarmement, le conflit ukrainien et la crise biélorusse devraient être les grands sujets abordés par les deux présidents. Les deux grandes puissances ont intérêt à limiter l'armement nucléaire de pays comme l'Iran ou la Chine. Une question hautement conflictuelle.
En atterrissant en Europe, Biden a annoncé qu'il se rendrait à Genève «pour rencontrer Monsieur Poutine et lui faire savoir ce que je veux lui dire». Les États-Unis ne cherchent pas le conflit avec la Russie, a-t-il ajouté. «Nous voulons une relation stable et prévisible. Nos deux nations partagent des responsabilités incroyables, notamment la garantie de la stabilité stratégique et le respect des accords de contrôle des armements.»
Le modèle
Genève a marqué le tournant de la guerre froide en 1985. Mikhaïl Gorbatchev, alors secrétaire général du parti communiste - soit le premier dirigeant de l'Union soviétique - et le président américain Ronald Reagan s'étaient alors rencontrés pour discuter du désarmement nucléaire et des relations entre les deux pays.
Dans une déclaration finale commune, Reagan et Gorbatchev s'étaient mis d'accord sur un compromis. Et sur la phrase centrale selon laquelle «une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée».
L'hôte
La Suisse entretient de bonnes relations avec ces deux Etats. Dans le cadre de ses bons offices, elle représente les intérêts des Etats-Unis en Iran et ceux de la Russie en Géorgie. Elle a exercé de fortes pressions pour que le sommet se déroule en Suisse. Cela lui apporte deux bénéfices concrets: du prestige sur la scène internationale et, en bonus, la possibilité d'une rencontre bilatérale avec les chefs d'État.
Le conseiller d'Etat genevois Serge Dal Busco pourra accueillir Joe Biden et Vladimir Poutine sur le tarmac de l'aéroport. Une rencontre des conseillers fédéraux Ignazio Cassis et Guy Parmelin avec le président américain et une autre avec le président russe ont également déjà été confirmées. Ce qui sera offert comme cadeau par la Suisse aux deux présidents n'est pas encore connu.
Le lieu
Cette fois, «L'esprit de Genève» sera à l'œuvre à la Villa La Grange. L'imposant bâtiment du XVIIIe siècle se trouve dans le parc de La Grange, avec ses séquoias, ses rosiers et ses fontaines anciennes, avec vue sur le lac Léman. Il est fermé jusqu'au 18 juin pour cette réunion de haut niveau.
Dès mardi, la route d'accès sera réaménagée pour permettre le stationnement d'une trentaine de voitures des délégations. En outre, un espace sera réservé aux hélicoptères des deux chefs d'État.
Le logement
La délégation américaine logera à l'hôtel Intercontinental, comme elle l'avait fait lors du sommet historique de 1985. Cet hôtel cinq étoiles, peu élégant mais riche en histoire, se trouve à proximité des Nations unies. Vladimir Poutine ne devrait venir à Genève que mercredi.
S'il passe la nuit, le Mandarin Oriental (propriété de la Chine) ou le Four Seasons (propriété du Canada) sont des options possibles. L'ambassade de Russie à Genève propose également des possibilités d'hébergement.
Les femmes
Jill Biden, 70 ans, n'accompagnera pas son mari, a annoncé la Maison Blanche vendredi. L'enseignante titulaire d'un doctorat, qui s'était déjà rendue en Suisse en tant que «deuxième dame» en 2014, fait déjà le voyage de retour dimanche après la visite à la reine.
Peut-être parce que Vladimir Poutine est également attendu en solo. Le président russe est divorcé. Selon les médias, sa petite amie de longue date est l'ancienne gymnaste Alina Kabayeva, âgée de 38 ans.
L'entourage
Le chef du protocole, Asel Roberts, ainsi que l'ambassadeur des États-Unis, John Sullivan, qui est actuellement en congé de Russie, voyageront avec Joe Biden. Poutine pourrait également faire venir l'ambassadeur russe Anatoly Antonov, celui-là même qui a été retiré des États-Unis.
Les deux présidents seront également accompagnés de leurs ministres des affaires étrangères respectifs: Antony Blinken et Sergei Lavrov, qui se sont rencontrés en Islande il y a tout juste trois semaines. Ils ont notamment discuté de l'opposant au Kremlin emprisonné Alexei Navalny et des déploiements militaires de la Russie en Ukraine et à proximité.
Sécurité
Pendant le sommet des deux grandes puissances, l'armée suisse est en alerte. Jusqu'à un millier de militaires seront sur le terrain pour soutenir les autorités civiles. L'espace aérien sera restreint. En outre, l'armée de l'air renforcera les services de police aérienne et la surveillance de l'espace aérien.
Et l'armée sera également en attente sur l'eau. Les nouveaux patrouilleurs P 16, qui ont été conçus en Finlande et partiellement assemblés à Lucerne, seront utilisés à cette fin. Tous les bateaux de la Motorboat Company 10 ont leur port d'attache au à Brugg (AG). De là, ils sont transportés par route vers le lieu de déploiement.