Des délégations russe et ukrainienne vont se retrouver en Turquie de lundi à mercredi pour un nouveau round de négociations en présentiel, a annoncé dimanche l'un des négociateurs ukrainiens, David Arakhamia.
Le négociateur en chef côté russe, Vladimir Medinski, cité par les agences russes, a annoncé lui aussi la tenue d'un nouveau round de pourparlers, mais en disant qu'ils se dérouleraient mardi et mercredi, sans préciser le lieu.
La France appelle à poursuivre le dialogue
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a appelé dimanche à poursuivre le dialogue avec le président russe, Vladimir Poutine, jusqu'à ce qu'il se rende compte du «prix à payer» pour son invasion de l'Ukraine et qu'il veuille négocier.
Un peu plus tôt, le président Emmanuel Macron avait mis en garde contre une «escalade des mots et des actions en Ukraine», après les propos des son homologue américain Joe Biden qualifiant M. Poutine de «boucher».
Zelensky serait «prêt à accepter» la neutralité
La question de la neutralité de l'Ukraine, l'un des points centraux des négociations avec la Russie pour mettre fin au conflit, est «étudiée en profondeur», a assuré dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une interview à des médias russes.
Une des clauses des négociations porte sur «les garanties de sécurité et la neutralité, le statut dénucléarisé de notre Etat», a-t-il déclaré dans cet entretien en ligne diffusé sur la chaîne Telegram de l'administration présidentielle ukrainienne.
«Nous sommes prêts à l'accepter», a-t-il poursuivi. «Ce point des négociations(...) est en discussion, il est étudié en profondeur», a-t-il assuré. «Mais je ne veux pas que ce soit encore un papier du style des mémorandums de Budapest», a ajouté le président, en référence à des accords signés par la Russie en 1994 garantissant l'intégrité et la sécurité de trois ex-républiques soviétiques, dont l'Ukraine, en échange de l'abandon des armes nucléaires héritées de l'URSS.
Une séparation à la coréenne?
La Russie pourrait vouloir instaurer une séparation à la coréenne en Ukraine, a estimé dimanche un responsable du ministère ukrainien de la Défense. «Il y a des raisons de croire que (Moscou) pourrait imposer une ligne de séparation entre les régions occupées et non occupées de notre pays, une tentative de créer des Corées du Sud et du Nord en Ukraine,» a-t-il ajouté.
Ces déclarations interviennent alors que le commandement russe a surpris vendredi en annonçant «concentrer le gros des efforts sur l'objectif principal: la libération du Donbass» (est).
Situation sur le terrain
L'armée ukrainienne assure, dans le dernier bulletin de son état-major publié dimanche à l'aube, que dans les zones de Donetsk et Lougansk (est), «sept attaques ennemies ont été repoussées» et huit tanks russes détruits. A Kiev, «les groupes de sabotage de l'ennemi essayent toujours de pénétrer» dans la ville, selon l'état-major ukrainien.
L'armée russe poursuit ses rotations et renforts depuis le Bélarus voisin et la Russie afin de gagner des positions aux abords de la capitale ukrainienne, relève le centre d'analyses américain Institute for the study of war (ISW) dans une note datée de samedi.
Le ministère russe de la Défense a annoncé de son côté la destruction d'un dépôt de missiles dans un village situé à 30 km au sud-ouest de Kiev. Au nord-est de la capitale, la ville de Tcherniguiv est encerclée par les forces russes et il est impossible d'en évacuer les civils et les blessés.
A Mykolaïv (sud), plus grand port d'Ukraine et ville-verrou sur la route d'Odessa que l'armée russe tente en vain de faire sauter depuis des semaines, l'étau semble se désserrer un peu. Le front a même reculé, avec une contre-offensive ukrainienne sur Kherson, à quelque 80 km au sud-est, dont l'armée russe avait revendiqué la prise totale.
Un référendum dans les régions séparatistes
Le territoire séparatiste de Lougansk, dont Moscou a reconnu l'indépendance, mais pas la communauté internationale, pourrait bientôt organiser un référendum pour rejoindre la Russie, a déclaré dimanche le leader de ce territoire, Léonid Passetchnik.
«Tous les faux référendums dans les territoires occupés temporairement sont nuls et non avenus et n'auront aucune légitimité», a réagi sur Twitter le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères.
«Un acte barbare et sacrilège», dénonce le pape
Le pape François a dénoncé dimanche «le martyre» et «l'agression» de l'Ukraine par Moscou.
«Plus d'un mois est passé depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, depuis le début de cette guerre cruelle et insensée», a déclaré le souverain pontife sur la place Saint-Pierre au Vatican, évoquant «un acte barbare et sacrilège» contre une «Ukraine martyrisée».
(AFP)