Dans l'affaire du drame de Montreux, le procureur en charge du dossier a rendu un avis de prochaine clôture le 20 mars dernier, a communiqué ce mardi la police cantonale vaudoise. Il s’agit d’une étape préalable au prononcé d’une ordonnance de classement.
Selon le Ministère public, il s’agirait du suicide collectif prémédité d’une famille vivant en autarcie. Celle-ci suivait des préceptes survivalistes, complotistes et religieux.
Peu de liens avec l'extérieur
Le 24 mars 2022, cinq personnes se sont jetées du balcon de leur appartement montreusien. Quatre d'entre elles ont perdu la vie, tandis que la cinquième – le fils – a survécu à ses blessures. Les éléments recueillis ont permis d’établir que la famille, formée de la mère, de sa sœur jumelle, du père et de leurs deux enfants mineurs, ne sortait que très rarement. Seule la sœur jumelle de la mère de famille se rendait à son travail, mais n’avait noué aucun lien particulier avec des tiers, spécifie le communiqué.
Les deux enfants étaient scolarisés à la maison. La famille possédait de grandes réserves de nourriture, vêtements, médicaments et produits d’hygiène, ainsi que des livres et documents numériques. Elle faisait preuve d’une grande défiance envers l’Etat, en particulier depuis le début de la crise du Covid-19 et le déclenchement de la guerre en Ukraine. L'école et la police ne leur inspiraient aucune confiance, ce qui peut expliquer les raisons pour lesquelles l'arrivée d'agents de police en mars de l'année dernière a constitué l'élément déclencheur de leur suicide.
Lorsque les forces de l'ordre ont sonné au domicile sis au 7e étage, vers 6h45, les membres de la famille auraient eu un bref échange oral. La porte était barricadée de l'intérieur, à l'aide d'objets tiers. Les cinq personnes se sont alors rendues sur le balcon et jetées à tour de rôle dans le vide, indiquent les images d'une caméra de surveillance et les témoignages de plusieurs personnes présentes sur place.
Des personnalités dominantes
Les deux sœurs étaient à la tête de cette dynamique singulière: elles présentaient des personnalités dominantes et paraissent avoir exercé une grande influence sur le reste des membres de la famille.
Les investigations ont porté sur les examens de médecine légale, la perquisition de l’appartement et de la voiture de la famille, de même que du domicile de la sœur jumelle de l’épouse, l’étude des données numériques contenues dans les appareils de la famille, ainsi que les images d’une caméra de surveillance du Casino de Montreux. Plusieurs témoins ont été auditionnés parmi le voisinage, les collègues et la famille vivant à l’étranger.
(ATS)