Les choses s'accélèrent. Le 28 juin, l'obligation de porter un masque sera supprimée dans les espaces extérieurs tels que les gares ou les entreprises de loisirs. La taille des groupes sur les terrasses des restaurants n'est plus limitée. Avec le certificat Covid, nous sommes même autorisés à aller en discothèque et à participer à des événements permettant jusqu'à 5'000 participants.
Un autre grand pas vers le retour à la normale. Si ce n'est pas une raison de se réjouir! Mais certains ont peur de sortir à nouveau. Ils ne craignent pas seulement d'attraper le coronavirus, mais ont aussi peur d'interagir avec les autres face à face.
Une enquête récente aux États-Unis a révélé que près de la moitié des Américains ne sont pas à l'aise pour passer du virtuel aux interactions réelles. Cette conséquence de la pandémie est nommé «syndrome de la cabane» par les experts. Les gens préfèrent rester enfermés. On parle également de «Fono», qui est l'abréviation de «Fear of Normal», et de la nécessité d'entraîner à nouveau le «muscle social».
De telles craintes sociales semblent aussi se dessiner en Suisse. C'est ce que montre une étude de sanasearch.ch. Cette plateforme en ligne propose des offres dans des domaines tels que la psychothérapie, la médecine alternative ou les conseils nutritionnels.
Les gens ont peur du temps libre
À la demande de SonntagsBlick, Sanasearch a demandé à 129 thérapeutes s'ils avaient remarqué une peur intense du retour à la normale chez leurs clients. 47% des professionnels interrogés, soit près de la moitié, ont répondu par l'affirmative. 40% d'entre eux notent également que leurs clients s'inquiètent de plus en plus de la manière dont ils vont gérer leur temps libre après le coronavirus.
Un examen plus attentif des réponses met en évidence différents types d'anxiété sociale. Certaines personnes craignent de ne plus pouvoir affronter les situations sociales, ce qui se matérialise par un sentiment d'insuffisance, une crainte du rejet ou de faire des erreurs. Britta Behrends, psychothérapeute spécialisée dans la thérapie cognitivo-comportementale et la thérapie des schémas, explique: «Les gens ont peur de se comporter de manière embarrassante, d'être jugés et de ne pas être à la hauteur des attentes qu'ils pensent percevoir chez les autres.»
D'autres personnes ne veulent plus prendre autant d'engagements sociaux qu'avant la crise du Covid-19. Ils ressentiraient, selon les thérapeutes interrogés, «un manque de désir de socialisation».
Aliénation
Selon un participant à l'enquête, cette réticence aurait conduit une partie des Suisses à «s'éloigner des gens pour ne plus être invités aux grands événements». Dans certains cas, ses clients «ont remarqué qu'avoir moins de contacts était agréable. Ils utilisent maintenant l'excuse du coronavirus pour justifier leur volonté d'éviter de multiplier les contacts».
Cela met sous pression de nombreuses personnes, notamment celles qui étaient déjà timides avant la pandémie, souligne Yvik Adler. Le coprésident de la Fédération suisse des psychologues (FSP) confie: «Ceux qui essayaient d'éviter les situations sociales avant la pandémie ont facilement pu le faire pendant la crise. Soudain, c'était légitime. Or, maintenant, ils sont à nouveau considérés comme des parias.»
Le retour au rythme social effréné d'avant la pandémie peut également être effrayant. Adler confirme: «Le rythme rapide a perdu son attrait pour beaucoup de gens. Ils ont appris à moins se presser et à être plus tolérant. Il y a aussi des avantages.» Auxquels ils ne veulent plus renoncer.
Outre les craintes personnelles, les clients des thérapeutes interrogés s'inquiètent également des conséquences sur la société dans son ensemble. «Les personnes, en particulier les jeunes adultes, craignent que leurs amis s'habituent aux restrictions actuelles et que leur vie sociale diminue», a déclaré un participant.
Le psychothérapeute observe encore une volonté de maintenir la distance physique: «Beaucoup ne veulent même pas revenir à des rituels comme la poignée de main ou la bise.» Ce qui, selon lui, n'est pas anodin si aucun rituel de substitution n'est trouvé: «Le danger est que la distance perdure, puisque la distance physique entraine la distance émotionnelle. Nous avons besoin de proximité humaine.»
Si nous laissons de côté les rituels d'accueil, par exemple, nous devrions trouver quelque chose pour les remplacer, dit-il.
Se concentrer sur nos propres besoins
Par quels comportements réagit-on à la peur des activités sociales? Selon les thérapeutes, il s'agit de trouver des excuses pour ne pas sortir ou d'annuler au pied levé, mais aussi de choisir plus consciemment les événements auxquels on se rend. Leurs clients «se concentrent plus sur leurs propres besoins et écoutent davantage leurs envies», résume Adler. C'est «clairement un tournant positif».
Cette plus grande attention est évalué par un thérapeute comme une autre conséquence à long terme de la pandémie: «Je pense qu'il y aura un apprentissage nouveau de la liberté, que certaines personnes ont en partie apprécié la retraite, qui les a protégés de certains stimuli.»
Actuellement, en ce qui concerne les nouvelles étapes de la réouverture, les personnes qui ont déjà connu des phobies similaires auparavant sont celles qui ressentent le plus d'anxiété sociale. Pour elles et pour tous ceux qui ressentent actuellement des difficultés au niveau du «muscle social», Adler conseille de progresser à petits pas: «Vous devez affronter progressivement votre anxiété afin de prendre confiance en vous et de réaliser que vous pouvez y arriver». Britta Behrends ajoute: «Il est important de ne pas se concentrer sur la peur, mais sur la façon dont vous avez géré des situations similaires dans le passé.» Pour que bientôt, chacun puisse à nouveau être plus ou moins musclé socialement.