Il y a quelques semaines, l'Office fédéral de la police (Fedpol) a décidé qu'Osamah M.* devait être expulsé. Après avoir semé la frayeur en Suisse, ce partisan de l'État islamique (EI) condamné se retrouve lui-même dans une peur bleue: il tremble à l'idée de retourner dans son pays d'origine, l'Irak.
Un article publié jeudi par le journal «Schaffhauser AZ» raconte l'angoisse du «kamikaze en fauteuil roulant». L'Irakien s'exprime pour la première fois dans un journal, les médias étant selon lui responsables de sa misère.
Mieux vaut passer des années en prison que de retourner en Irak
Il y a d'abord la police fédérale et la justice. «En Irak, des membres de l'EI sont tués. En Suisse, j'ai été condamné définitivement comme membre de l'EI. Et ils disent que je ne suis pas en danger?!», se plaint Osamah M. Ce dernier affirme qu'il préférerait passer des années dans les prisons suisses plutôt que de retourner en Irak. «S'il vous plaît, transmettez un message aux personnes qui décideront de mon expulsion: je ne veux pas perdre la vie!», supplie-t-il.
Puis Osamah M. s'en prend aux médias. «Les médias sont des terroristes. Ils ont détruit ma vie», se plaint-il. Ce n'est pas une surprise. La couverture médiatique et ses conséquences constituent le point central de l'argumentation dans sa lutte contre l'expulsion. Il leur reproche de le présenter comme un monstre et pense qu'il est également sous surveillance en Irak à cause de ces rapports. L'extrémiste croit que c'est uniquement à cause des médias qu'il est menacé de mort.
Osamah M. veut-il tromper les autorités?
La police fédérale n'est pas de cet avis. Elle justifie dans une décision de 37 pages, citée par le journal «Schaffhauser AZ», pourquoi l'expulsion décidée dès 2017 peut maintenant être exécutée. Elle ne voit pas de «réel danger» pour Osamah M. en Irak. Il n'y a aujourd'hui dans la ville de Kirkouk, où Osamah M. a grandi, «aucun indice d'une situation sécuritaire extrêmement précaire», même pour des sympathisants de l'EI.
Jusqu'au début de l'année 2024, Osamah M. a refusé d'être désigné comme terroriste de l'EI. Ce n'est que lorsqu'il est devenu clair qu'il était menacé d'expulsion qu'il a affirmé qu'un grand danger le guettait en Irak en tant que prétendu partisan de l'EI. Pour Fedpol, il est évident qu'Osamah M. a voulu tromper les autorités suisses.
Jusqu'à ce que le sort d'Osamah M. soit définitivement clarifié par les tribunaux, une seule chose est sûre: les habitants de Schaffhouse peuvent respirer. Sa présence avait suscité l'inquiétude dans la région pendant des années.
* Nom d'emprunt