Tous les cantons ont massivement rejeté le texte. Le Tessin, avec 68,5%, a été le seul à passer sous la barre des 70% de non. A Genève, l'initiative n'a récolté que 24% des voix. Le même scénario s'est rapidement dessiné à Vaud (18,4% de oui), Fribourg (20,7%), Neuchâtel (22,4%) et en Valais (18,6%). A Zurich, l'initiative a été rejetée à 79,7%, à Bâle-Ville par 80%, à Berne par 78,8%. St-Gall, "patrie" des initiants, n'a pas fait mieux avec 78,1% de non. Schaffhouse a été le canton alémanique le moins sévère, avec 74,4% de non.
Au total, seul un demi-million d'électeurs a glissé un bulletin favorable. Le camp du non a lui réuni 1,89 million de votes. La participation s'est élevée à 43,6% des votants.
Alternatives crédibles
En 40 ans, c'était la cinquième fois que le peuple suisse se prononçait sur cette question. Le texte visait à interdire les expérimentations sur les animaux et les humains, ainsi que l'importation de nouveaux médicaments développés par ce biais.
Selon les initiants, la majorité des substances médicales qui semblaient prometteuses lors des tests sur des animaux échouent dans les essais sur l'être humain, car jugées trop dangereuses ou inefficaces. Suffisamment d'alternatives scientifiques crédibles existent pour se passer complètement des animaux.
Opposition large
Mais malgré des mentalités qui évoluent sur la question animale, les fronts restent figés. Les opposants à l'initiative se recrutaient tant à l'UDC que chez les Verts. Et même dans le camp des activistes de la cause animale, le texte a été fraîchement reçu.
L'initiative n'aurait plus permis de développer des médicaments recourant à l'expérimentation animale, par exemple contre le cancer ou pour des vaccins comme celui contre le Covid-19, ont rappelé les opposants. Ni de les importer de l'étranger.
Le Conseil fédéral a brandi l'argument économique. En cas d'acceptation, la compétitivité de toute la place pharmaceutique suisse s'en trouverait affaiblie. Et la Suisse a déjà une des législations les plus strictes au monde dans le domaine.
Des méthodes alternatives plus éthiques
Lancée en 2017 par des citoyens saint-gallois, l’initiative «Oui à l’interdiction de l’expérimentation animale et humaine – Oui aux approches de recherche qui favorisent la sécurité et le progrès» proposait de remplacer la pratique actuelle par des méthodes alternatives plus éthiques.
Elle prévoyait aussi d’interdire le commerce, l’importation et l’exportation de produits faisant directement ou indirectement l’objet d’expérimentation sur des animaux. Le texte précisait que l’expérimentation animale est considérée comme un mauvais traitement infligé aux animaux et peut constituer un crime.