Paris s’est de nouveau réveillé ce dimanche avec l’impression d’être une cible récurrente pour le terrorisme islamique. Impossible, en effet, de ne pas s’inquiéter pour la capitale française, à six mois des Jeux Olympique d’été qui s’ouvriront par une cérémonie sur la Seine, le 26 juillet 2024.
L’attentat qui a coûté la vie, samedi vers 21 heures, à un touriste allemand poignardé à mort, s’est en effet déroulé près de l’un des ponts sous lesquelles les barges olympiques circuleront dans quelques mois, pour cette parage géante. Le pont Bir Hakeim, situé à l’ombre de la Tour Eiffel, est notamment l’un des points de départ des croisières en bateaux-mouches, l’une des attractions les plus populaires.
Que s’est-il passé exactement dans la soirée de ce samedi 2 décembre? Des précisions seront sans doute données ce dimanche par le parquet antiterroriste, qui a été saisi. L’auteur des faits, muni d’un couteau et d’un marteau, s'en est d'abord pris à un couple de touristes allemands, tuant le mari d'origine philippine. Il a également blessé deux autres personnes, un Anglais et un Français. Le meurtrier présumé a été interpellé par la police, après avoir été neutralisé avec un taser.
Il s’agit d’un jeune français né en 1997 de parents iraniens. Il était fiché S (pour «sûreté de l’État»), c’est-à-dire repéré pour sa radicalisation. Il était surtout récidiviste. Il avait déjà été condamné à quatre ans de prison en 2016 pour avoir projeté une autre attaque, dans le quartier des affaires de la Défense, à l’ouest de Paris. Les premières informations disponibles permettent d'affirmer qu'il avait conservé le contact avec des organisations radicales, via internet. Une situation assurée de relancer le débat, en France, sur la gestion et le suivi des douze mille personnes fichées «S», parmi lesquelles des étrangers que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a promis d’expulser du territoire. Environ 2000 fichés S sont aujourd’hui incarcérés et 10'000 en liberté, théoriquement sous surveillance.
Un récidiviste
L’élément le plus problématique, dans le cas de cet individu, est qu’il n’a pas été tenu de rester éloigné de la capitale après la fin de son incarcération. Né à Neuilly-sur-Seine, l’une des communes les plus huppées de l’ouest parisien dont l’ancien président Nicolas Sarkozy fut le maire, il semble avoir pu réintégrer son milieu familial. parmi ses contacts sur internet figurait l'auteurs d'un attentat meurtrier: Adel Kermiche, assassin du père Hamel à Saint Etienne du Rouvray (Seine Maritime), tué dans son église le 26 juillet 2016.
Moins de mille fichés S, sur les 12 000, font en France l’objet d’un suivi particulier des forces de l’ordre. Ce qui, d’ailleurs, n’empêche pas le passage à l’acte: le meurtrier de l’enseignant Dominique Bernard, tué au couteau dans la cour de son lycée d’Arras le 13 octobre 2023, était lui aussi fiché S. Ce jeune d’origine ingouche (Caucase, Russie) avait même «pointé» au commissariat de la ville la veille de son crime.
Peur près des lieux touristiques?
Faut-il maintenant avoir peur de fréquenter les lieux touristiques parisiens? A priori, la réponse est non. Samedi soir, la vie est rapidement devenue normale aux abords de la Tour Eiffel, ceinturés de caméras de vidéosurveillance.
Reste que le sentiment de peur gagne peu à peu les esprits, d’autant que le meurtrier a invoqué la mort de milliers de Musulmans à Gaza et en Afghanistan comme le motif de son acte. Plusieurs ambassades étrangères avaient publié des mises en garde au sujet de la sécurité dans Paris, à la veille de la Coupe du monde de rugby, qui s’est finalement déroulée sans incidents.
Veille des fêtes de Noël
La question aujourd’hui est de savoir si l’inquiétude va s’installer à la veille des fêtes de Noël, alors que les touristes convergent vers la capitale française illuminée. Le 23 décembre 2022, un attentat avait déjà ensanglanté Paris, dans un quartier populaire situé près de la gare de l’Est. Une fusillade avait éclaté, visant le centre culturel Kurde. Trois personnes avaient été tuées, là aussi par un Français. Ses motivations, cette fois, étaient à l’opposé du tueur de la Tour Eiffel qui a crié «Allah Akbar». Le meurtrier des Kurdes voulait au contraire tuer des Musulmans.