Cette crème de soin, qui se veut futuriste, aura au moins eu le mérite de provoquer une vive réaction épidermique chez des scientifiques de renom. Une polémique éruptive dont se serait toutefois certainement bien passé Guerlain, au moment de lancer son nouveau produit facturé… 650 francs les 50 millilitres.
Ce n’est cependant pas le prix astronomique de ce cosmétique appelé «Orchidée Impériale Gold Nobile» qui irrite des internautes. Mais son enrobage marketing vantant «une nouvelle voie de réjuvénation cosmétique pour la peau née de la science quantique».
C’est d’abord le youtubeur G Milgram, suivi par 164’000 personnes, qui a ouvert le feu. Dans une vidéo visionnée plus de 190’000 fois à l’heure où ces lignes sont écrites — voir ci-dessous, il apporte des témoignages anonymes de chercheurs dénonçant l’emploi du terme «quantique».
Etienne Klein s’agace
Une utilisation qui a également donné des boutons au médiatique physicien français Etienne Klein. «J’ai d’abord cru à un canular, mais non», écrit-il sur X, anciennement Twitter. «J’entends d’ici les cadavres de Schrödinger, Dirac et Heisenberg faisant des rotations dans leur tombe», peste-t-il, en citant le nom de trois physiciens théoriciens de la mécanique quantique.
Le directeur de recherches au CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) sort la sulfateuse: «Finalement, exploiter à des fins purement mercantiles le fait que la culture scientifique ne percole pas bien dans la société relève d’une forme d’art. J’imagine que cet art s’enseigne dans certaines écoles.»
Guerlain sauve sa peau
Blick a voulu faire réagir la marque qui appartient au géant français du luxe LVMH. Dans un courriel envoyé jeudi 4 janvier dans la soirée, sa responsable de la communication Claire Martinat pousse vers les éléments de réponse publiés sur le réseau social d’Elon Musk.
Guerlain amorce son communiqué en disant avoir pris connaissance de contenus et de conversations en ligne commentant le lancement de sa nouvelle gamme «Orchidée Impériale Gold Nobile». Puis, la célèbre maison assure que ses nouveaux soins «s’appuient effectivement sur des avancées scientifiques importantes dans le domaine de la biologie quantique appliquée aux cellules cutanées (mesure des Ultra-weak Photon Emission), avec des résultats démontrés».
Circulez, il n’y a rien à voir? Pas vraiment. «Pour autant, la société a pris acte des interrogations ou risques de confusion autour de l’utilisation du terme quantique. Guerlain, attachée à la bonne compréhension de ses messages et de sa recherche, a donc décidé de repréciser sa communication afin de lever toute ambiguïté. Guerlain regrette cette situation et rappelle son attachement à la science la plus exacte.»
Une publication scientifique?
Le vendeur de cosmétiques va plus loin et diffuse un lien pour présenter «les fondements scientifiques et les résultats de [ses] travaux». Sans détailler sa méthodologie et ses résultats, il y affirme notamment que «[ses] chercheurs ont conduit des travaux sur des cellules de peau humaine en collaboration avec une équipe de biophysiciens de l’université Palacky», en Tchéquie.
Soit. Mais une publication scientifique vient-elle corroborer les promesses de la marque? Relancés à ce propos, Guerlain et sa cheffe de la communication n’avaient toujours pas donné suite ce vendredi, en milieu de journée.