Hommage à Dominique Bernard
Le gouvernement français affiche sa «fermeté» après l'attentat à Arras

Plusieurs centaines de personnes sont réunies dimanche à Arras en mémoire de Dominique Bernard, un professeur poignardé à mort vendredi par un ancien élève radicalisé. Un attentat islamiste après lequel le gouvernement français s'est efforcé d'afficher sa «fermeté».
Publié: 15.10.2023 à 12:46 heures
Une minute de silence sera respectée lundi à 14h00 dans les établissements scolaires de France.
Photo: TERESA SUAREZ

Le gouvernement français affiche sa «fermeté» après l'attentat à Arras. Rendez-vous avait été donné sur la place centrale de la ville, non loin de la cité scolaire Gambetta, théâtre de l'attaque, survenue dans un contexte marqué par les craintes d'importation en France du conflit au Proche-Orient.

La sirène de la ville a retenti à plusieurs reprises sur la place, noire de monde, dans un silence de plomb. Certains ont les larmes aux yeux. L'attentat, commis par un ancien élève de 20 ans, fiché S et de nationalité russe, et qui a également fait trois blessés, a été qualifié par le président Macron de «terrorisme islamiste». Il a provoqué une onde de choc, en particulier chez les enseignants, déjà affectés il y a trois ans par l'assassinat d'un des leurs, Samuel Paty, décapité le 16 octobre 2020 pour avoir montré des caricatures de Mahomet en classe.

Elèves, parents et habitants avaient rendu hommage dès samedi à Dominique Bernard en se recueillant devant le lycée, parfois pour déposer un bouquet de fleurs. D'autres s'étaient présentés à la mairie de sa commune de Berneville (Pas-de-Calais) pour signer un livre d'or en mémoire de ce professeur agrégé de lettres modernes de 57 ans, père de trois filles et marié à une enseignante. «Pour que la barbarie ne passe pas. Parce que l'école est le dernier rempart contre l'intégrisme», pouvait-on lire dans ce livre.

En alerte «urgence attentat»

Une minute de silence sera respectée lundi à 14h00 dans les établissements scolaires de France en hommage aux victimes d'attentats contre l'école, a annoncé samedi le ministre de l'Education, Gabriel Attal. «Nous serons au rendez-vous pour assurer votre sécurité», a promis samedi la Première ministre Elisabeth Borne aux enseignants.

La France est depuis vendredi en alerte «urgence attentat», niveau le plus élevé du dispositif Vigipirate et prévoit de déployer 7000 soldats d'ici lundi sur le territoire.

«Une atmosphère de djihadisme, de passage à l'acte est évidente depuis samedi dernier», date de l'attaque d'Israël par le Hamas, a affirmé samedi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, présentant sa «ligne de fermeté»: l'"expulsion systématique de tout étranger (...) considéré comme dangereux par les services de renseignement». La crainte d'un attentat a entraîné samedi l'évacuation du musée du Louvre, puis du château de Versailles, des fausses alertes.

«Une faille des services de renseignements»

Depuis son arrestation, l'assaillant, Mohammed Mogouchkov, qui aurait crié 'Allah Akbar' selon des témoins, «ne s'est pas expliqué», a indiqué à l'AFP une source policière. Il était suivi depuis peu par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), en raison, selon Gérald Darmanin, des liens avec son père, lui aussi fiché S et expulsé en 2018, et son frère, emprisonné pour sa participation à un projet d'attentat visant l'Elysée.

La DGSI l'avait interpellé jeudi, notamment pour contrôler son téléphone, a précisé le ministre, excluant une «faille des services de renseignements». «Rien dans les éléments qu'on avait pu obtenir ne permettait de prédire que cet individu (...) pouvait passer à l'acte», a renchéri Elisabeth Borne dans La Tribune Dimanche.

Arrivé en France en 2008 selon une source policière, il est né d'après l'administration française dans la république russe à majorité musulmane d'Ingouchie, mais ne pouvait légalement pas être expulsé, étant entré sur le territoire avant l'âge de 13 ans, a souligné Gérald Darmanin. Depuis l'attaque de Charlie Hebdo en janvier 2015 (12 morts) une vague d'attentats jihadistes a fait plus de 260 morts en France.

(ATS)

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