Fin de la canicule en vue?
Début d'accalmie sur le front des incendies en France

Les pompiers poursuivaient samedi leur lutte contre les incendies en France, notamment en Gironde, dans les Landes et en Bretagne. Des orages et des pluies sont attendus en soirée par l'ouest, sans savoir encore si ils aideront ou pas à l'extinction des feux.
Publié: 13.08.2022 à 18:59 heures
La situation s'améliore lentement pour l'incendie de Landiras-2 (archives).
Photo: SDIS 33 HANDOUT

Vents violents, pluies hypothétiques ou trop importantes: ce sont les scénarios redoutés par les pompiers. La fraîcheur et l'humidité tant attendues pourraient devenir contre-productives, avec le risque d'inondations, selon la sécurité civile et des coups de vent qui «pourraient faire repartir le feu», d'après le lieutenant-colonel Arnaud Mendousse, porte-parole des pompiers de Gironde.

Seize départements restaient en vigilance orange canicule, mais cette vague de chaleur devrait prendre fin dimanche, avec l'arrivée d'orages sur la majeure partie de la France.

En Corse, Météo-France a observé dans la nuit «de fortes rafales sous orages, à plus de 95 km/h par endroits». Les cumuls de pluie ont été modérés, 35 millimètres au maximum, mais très intenses, en quelques minutes seulement.

Lourd travail des pompiers

En Gironde, après une matinée fraiche, la chaleur revenait vers 14h samedi sous un ciel à peine voilé de quelques nuages mais sans fumées. A l'ombre des bouleaux pour leur pause déjeuner, plusieurs sapeurs-pompiers du Lot-et-Garonne affichent de petits yeux, leur travail ne consiste plus désormais à maîtriser de gros brasiers, mais plutôt à noyer le sol là où il est encore chaud et fumant.

La reprise de feu de «Landiras-2» n'a pas connu de progression depuis plus de 48 heures après avoir ravagé 7400 hectares de pins, le service météorologique prévoit des orages, accompagnés de rafales de vents jusqu'à 60km/h samedi soir.

Un mois après les deux incendies gigantesques de Landiras et la Teste-de-Buch, «la situation est passée à favorable» sur Landiras-2, car l'incendie «est en phase de pause», «un très bon signe», selon Arnaud Mendousse.

Depuis vendredi soir, 1600 personnes ont pu regagner leur domicile à Moustey et Saugnac-et-Muret, et en ce samedi classé «rouge» par Bison Futé, les autorités ont rouvert l'A63, qui relie Bordeaux à l'Espagne, fermée depuis mercredi sur une portion de 20 km.

Mais «le feu est toujours actif sur le côté ouest», a prévenu la préfète de Gironde Fabienne Buccio, rappelant qu'un millier de pompiers étaient toujours mobilisés, soutenus par un contingent de collègues européens (Allemands, Roumains, Polonais et Autrichiens) et quatre canadair étrangers.

«Ici, nous sommes tous volontaires. Nous sommes entraînés, nous voulons aider», confiait Tone Neuhalfel, un pompier allemand de 36 ans.

«Nous sommes contents parce qu'on sait qu'on vous aide, les amis», a déclaré le commandant grec Anastasis Sariouglou, 36 ans, qui effectue sa première mission en France.

A Hostens, en Gironde, où le PC avait pris des airs d'auberge espagnole, le colonel roumain Cristian Buhaiànu assurait que ses 77 pompiers - uniformes à bretelles rouges, casquettes et camions floqués 'pompierii' - étaient «prêts à partir sur le terrain».

Le Jura aussi frappé

En France, trois fois plus d'hectares ont brûlé que la moyenne annuelle des dix dernières années, et l'année est record dans l'Union européenne depuis le début des relevés en 2006.

Même le Jura a été frappé de deux incendies, ravageant environ 660 hectares de forêt, celui de Cernon a été déclaré fixé samedi matin. En Bretagne, c'est la mythique forêt de Brocéliande, à l'ouest de Rennes, qui a vu partir en fumée près de 400 hectares. Mais le feu ne «progresse plus» samedi, selon la préfecture.

Dans la Drôme et en Ardèche, deux feux qui ont détruit plus de 300 hectares chacun sont «fixés» ou «en voie de l'être» selon les autorités. C'est également le cas à Mostuéjouls (Aveyron) où un incendie de 760 hectares au total était «en voie d'être circonscrit et prochainement, éteint» samedi, selon la préfecture, qui a interdit «toute activité de chasse ou de destruction par arme à feu se déroulant en pleine nature"».

Face à cette situation «exceptionnelle», plusieurs grandes entreprises françaises ont pris des mesures pour faciliter la libération de leurs employés pompiers volontaires, répondant à l'appel du ministère de l'Intérieur.

Le ministre Gérald Darmanin a par ailleurs demandé aux préfets d'«être particulièrement vigilants» voire d'annuler les traditionnels feux d'artifice du 15 août en raison de «risques accrus d'incendies».

Précipitations insuffisantes

Une quinzaine de préfectures ont déjà pris des arrêtés d'interdiction d'usage des feux d'artifice, parmi lesquelles le Nord, le Pas-de-Calais, et les Bouches-du-Rhône samedi.

Les précipitations, attendues à partir de samedi soir, seront insuffisantes pour remédier à la sécheresse historique que traverse le pays, a averti Météo-France, après un mois de juillet où moins d'un centimètre de pluie est tombé en moyenne. Avec 35,9 degrés, Brest a battu samedi son record mensuel pour un mois d'août.

Sur une grande partie de la France, il est interdit d'arroser et 73 préfets ont même prohibé les prélèvements d'eau aux agriculteurs sur tout ou partie de leurs départements.

De nombreux massifs forestiers sont aussi interdits à la promenade ce week-end afin de réduire le risque de départs de feu.

(ATS)

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