La Suisse est connue pour la stabilité de sa monnaie. Toutefois, le franc suisse est tombé mardi à son niveau le plus bas de l'année. Un dollar américain coûtait encore environ 88,1 centimes. L'euro s'est apprécié par rapport au franc, passant de 94,3 centimes à 94,7 centimes. Depuis, le franc s'est légèrement redressé.
Les dernières données sur l'inflation sont à l'origine de cette chute. Avec 1,3% en janvier, le taux d'inflation a été nettement plus bas que prévu. Mais que signifie exactement la récente dépréciation du franc? Blick répond aux principales questions.
Est-ce la fin du franc fort?
Non, le franc reste toujours aussi fort. «Si l'on tient compte des différences d'inflation entre les zones monétaires, le franc s'est encore apprécié en termes réels ces derniers temps», explique Alexander Koch, économiste chez Raiffeisen. Les signes seraient même en faveur d'une nouvelle appréciation du franc. «Même si ce n'est de loin pas dans la même mesure que lors de la récente poussée inflationniste», ajoute Alexander Koch.
Raiffeisen s'attend à ce que le cours euro-franc évolue autour de 0,95 dans trois mois. Ce ne serait pas un grand changement par rapport à maintenant. Le franc s'éloigne donc un peu de sa force record, mais reste stable.
Est-ce que tout va devenir plus cher à l'étranger?
En principe, oui. Le pouvoir d'achat des Suisses à l'étranger diminue, car l'euro et aussi le dollar ont augmenté par rapport au franc. «Il faut mettre plus de francs sur le comptoir pour une valeur de marchandise en euros», commente Alexander Koch. Mais le franc est toujours fort par rapport aux autres monnaies. Au final, aussi bien les vacances que les achats de l'autre côté de la frontière restent abordables pour les Suisses.
Quelles sont les conséquences pour les entreprises exportatrices suisses?
La dépréciation du franc joue en faveur des entreprises exportatrices suisses: leurs produits deviennent plus compétitifs en termes de prix. Toutefois, les coûts d'approvisionnement en matières premières et en produits semi-finis augmentent également.
Le problème principal de l'industrie d'exportation est ailleurs. La baisse de la demande de biens d'investissement sur des débouchés importants comme l'Allemagne par exemple. «Tant que l'appréciation du franc est compensée par des augmentations moindres des salaires et des coûts d'approvisionnement, les entreprises suisses ne subissent pas de désavantage concurrentiel en termes de prix», explique Alexander Koch.
Et pour les propriétaires de biens immobiliers?
«Il semble que les taux d'intérêt hypothécaires aient déjà réagi aux chiffres d'inflation plus bas que prévu de janvier», déclare Felix Oeschger du service de comparaison Moneyland. Car effectivement, les hypothèques à taux fixe sont un peu plus basses mercredi que mardi.
Le taux d'intérêt des hypothèques Saron dépend en revanche directement du taux directeur. Grâce aux faibles chiffres de l'inflation, il est toutefois devenu plus probable que la Banque nationale suisse (BNS) puisse baisser les taux dès le mois de mars. Les détenteurs d'une hypothèque Saron en profiteraient également.
Qu'est-ce que cela signifie pour les épargnants?
Si la BNS décide de serrer la vis des taux d'intérêt dès le mois de mars, les épargnants pourraient en pâtir. Les banques ne devraient toutefois pas baisser immédiatement les taux d'intérêt sur les comptes d'épargne. Mais l'une ou l'autre banque pourrait renoncer à une baisse ou à une suppression des frais – chose qui est peut-être déjà envisagée.