Aung San Suu Kyi, assignée à résidence depuis le coup d'État militaire du 1er février 2021, a été notamment reconnue coupable d'importation illégale de talkies-walkies, d'après une source proche du dossier.
Elle avait déjà été condamnée en décembre à quatre ans de détention pour avoir enfreint les restrictions sur le coronavirus, une sentence ramenée à deux ans par les généraux au pouvoir.
La lauréate du prix Nobel de la paix purge cette première peine dans le lieu où elle est tenue au secret depuis son arrestation il y a près d'un an.
«Tactique de la peur»
Cette nouvelle condamnation «risque encore de renforcer la colère de la population birmane», a réagi Manny Maung, chercheuse pour l'ONG Human Rights Watch. «Tout le monde sait que ces accusations sont fausses (...) Les militaires utilisent cette tactique de la peur pour la maintenir en détention arbitraire» et définitivement l'écarter de l'arène politique, a-t-elle ajouté, interrogée par l'AFP.
Sédition, corruption, incitation aux troubles publics, fraude électorale...: l'ex-dirigeante a été inculpée à de multiples reprises ces derniers mois. Son procès se tient à huis clos devant un tribunal mis en place spécialement dans la capitale Naypyidaw où elle est jugée aux côtés de l'un de ses fidèles, l'ex-président de la République Win Myint, également arrêté le 1er février.
Plusieurs proches de l'ex-dirigeante ont déjà été condamnés à de lourdes peines: 75 ans de prison pour un ancien ministre, 20 ans pour un de ses collaborateurs. D'autres se sont exilés ou sont entrés en clandestinité.
Le coup d'Etat a fait plonger le pays dans le chaos: depuis, des centaines de civils ont été tués par les forces de sécurité et des milices citoyennes anti-junte ont pris les armes à travers toute la Birmanie.
Le jugement prononcé ce lundi concernait notamment l'importation illégale de talkies-walkies. Selon l'accusation, ce matériel de contrebande aurait été découvert au cours de la perquisition effectuée dans la résidence officielle d'Aung San Suu Kyi lors de son interpellation.
Certains membres de ce commando ont reconnu n'avoir été en possession d'aucun mandat pour effectuer ce raid, d'après une source proche du dossier.
(ATS)