Le texte centriste propose d'introduire un frein aux coûts, qui devraient évoluer en fonction de l'économie et des salaires. Concrètement, si la hausse des coûts par assuré est supérieure à plus d'un cinquième de l'évolution des salaires, la Confédération et les cantons devront s'activer pour faire baisser ces coûts.
Gauche et droite ont échoué jusqu'ici à régler le problème, pour des raisons politiques, a fustigé le patron du Centre, le Zougois Gerhard Pfister. Les cartels et les lobbyistes du domaine de la santé profitent de la situation actuelle et ne veulent pas qu'elle change. «Seule notre initiative permettra de faire face à l'explosion des coûts», a lancé Benjamin Roduit (Centre/VS). Il y a urgence. Les primes d'assurance maladie qui seront dévoilées cet automne vont reprendre l'ascenseur. De nombreuses personnes ne peuvent plus payer les primes, conduisant à des cas d'endettement, a poursuivi Christian Lohr (Centre/TG).
«Les coûts de la santé ne cessent d'augmenter, à charge du porte-monnaie des ménages», a dit Philippe Nantermod (PLR/VS) au nom de la commission. La nécessité d'agir est reconnue. Mais l'initiative du Centre rate sa cible, selon le Valaisan. «Elle n'est pas claire, n'explique pas comment elle veut arriver à ses fins.» Le texte ne tient pas compte de facteurs comme la démographie, les progrès médico-techniques et la dépendance des salaires par rapport à l'évolution conjoncturelle. Si le peuple l'accepte, on se retrouvera au mieux avec un tigre de papier, qui se contentera d'empiler les rapports sur les coûts de la santé, selon lui. Ou au pire avec un budget global rigide, qui conduira à des restrictions, et donc une diminution de la qualité des soins.
Objectif de maîtrise des coûts
L'idée du gouvernement est d'introduire dans l'assurance de base un objectif de maîtrise des coûts via un contre-projet indirect. Mais la commission ne veut pas introduire un objectif maximal chiffré des coûts, a rappelé Philippe Nantermod. Diverses mesures moins rigides sont proposées. Elles concernent notamment les tarifs et les analyses de laboratoire.
A gauche, on estime que la santé doit être enfin traitée comme un bien public. «Dans l'éducation et la sécurité, personne ne s'offusque qu'il y ait des objectifs chiffrés et une forme de budget. Pourquoi pas la santé?», a lancé Pierre-Yves Maillard (PS/VD). Le contre-projet du Conseil fédéral doit être soutenu pour enfin agir, avec des mesures ciblées. «Nous ne sommes pas livrés à cette situation, nous pouvons agir», a affirmé le conseiller fédéral Alain Berset. Mais le Conseil fédéral est au bout de ce qu'il peut faire seul. Il a besoin désormais de changements législatifs.
Or, le Parlement a du mal à soutenir les paquets de mesures présentés par le gouvernement. «Le cartel du silence conduit à des blocages», a dénoncé Alain Berset, visant les différents bords politiques qui refusent d'agir.
Seule l'UDC a tenté de couler l'idée d'un contre-projet. «Il est tout aussi rigide que l'initiative, et trop étatiste», a estimé en vain la Genevoise Céline Amaudruz. Le contre-projet du gouvernement a reçu le soutien de 119 voix contre 43 et 15 abstentions. Les débats se poursuivent et continueront jusqu'à mercredi.
(ATS)