Chute de séracs
Les recherches sur le glacier de la Marmolada reprennent

Les opérations de recherches d'éventuels survivants ont repris lundi après l'effondrement pour cause de canicule d'une partie du glacier de la Marmolada, le plus grand des Alpes italiennes. La catastrophe a fait au moins six morts et huit blessés.
Publié: 04.07.2022 à 13:35 heures
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Dernière mise à jour: 04.07.2022 à 13:37 heures
Hélicoptère au-dessus de la partie manquante du glacier, qui s'est détachée dimanche provoquant une avalanche.
Photo: ANDREA SOLERO

La catastrophe est survenue au lendemain d'un record de température de 10°C au sommet du glacier, fragilisé par le réchauffement climatique depuis des décennies ainsi qu'une vague de chaleur précoce qui accable toute la péninsule italienne et a accéléré sa fonte.

Les secouristes ont déployé dans la nuit des drones équipés de caméras thermiques, espérant localiser d'éventuels survivants dans la gangue de glace et de roches éboulées, a indiqué à l'AFP le maire de la localité de Canazei, Giovanni Bernard. «Ce sont des conditions dangereuses pour les secouristes» qui ne peuvent progresser à pied, a-t-il dit. Des hélicoptères survolaient aussi la zone, selon un photographe de l'AFP sur place.

La porte-parole des secours, Michela Canova, a indiqué lundi que le décompte des victimes était toujours de six morts et huit blessés. Selon l'agence de presse Ansa, au moins trois Italiens et un Tchèque font partie des alpinistes tués dans l'avalanche. Le responsable de la protection civile dans la province de Vénétie, Gianpaolo Bottacin, a également évoqué «des disparus» sans toutefois vouloir en préciser le nombre.

«Nous avons trouvé les corps, dans un amas de glace et de débris répandus sur plus de 1000 mètres», a témoigné Gino Comelli des secouristes en haute montagne, cité par le quotidien Corriere della Sera.

Problématique du réchauffement climatique

Les secours alpins ont activé un numéro vert pour permettre des signalements aux personnes restées sans nouvelles de proches partis en excursion sur le glacier. Le chef du gouvernement italien, Mario Draghi, devait se rendre sur place dans la matinée. L'effondrement de la Marmolada «est la conséquence des conditions météorologiques actuelles, c'est-à-dire un épisode de chaleur précoce qui coïncide avec la problématique du réchauffement climatique», a expliqué le professeur Massimo Frezzotti, du département des sciences de l'université Roma Tre.

«La fonte s'est accélérée dans les Alpes. Nous avons connu un hiver extrêmement aride, avec un déficit de précipitations de 40 à 50%. Les conditions actuelles du glacier correspondent à la mi-août, pas à début juillet», selon le chercheur. «C'est un miracle que nous soyons en vie», a expliqué Stefano Dal Moro, un ingénieur qui se trouvait sur le glacier avec un ami israélien. «Il y a eu un bruit sourd, et c'est à ce moment qu'une mer de glace a déferlé. Il est inutile de courir, tout ce que vous pouvez faire est de prier», a-t-il raconté au Corriere della Sera.

Le glacier s'est effondré près du lieu-dit Punta Rocca, le long de l'itinéraire normalement emprunté pour atteindre son sommet. Sur des images transmises par les secours alpins, on peut voir les secouristes s'activer près du lieu du sinistre, survolé par des hélicoptères pour acheminer les victimes dans la vallée au village de Canazei, non loin de l'endroit d'où part le téléphérique qui conduit au sommet du glacier. Les familles étaient attendues à Canazei dans la journée.

Photo: AFP

«La reine des Dolomites»

Le glacier de la Marmolada, surnommé «la reine des Dolomites», est le plus grand glacier de ce massif montagneux du Nord de l'Italie, faisant partie des Alpes. Situé dans le Trentin, il donne naissance à la rivière Avisio et surplombe le lac de Fedaia.

Selon le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) paru le 1er mars, la fonte des glaces et neiges est l'une des 10 menaces majeures causées par le réchauffement climatique, perturbant les écosystèmes et menaçant certaines infrastructures.

Selon ce groupe, les glaciers en Scandinavie, en Europe centrale et dans le Caucase pourraient perdre 60 à 80% de leur masse d'ici à la fin du siècle. La vie traditionnelle de peuples comme les Sami en Laponie, qui pratiquent l'élevage des rennes, est déjà perturbée. Au Canada et en Russie, le dégel du pergélisol gêne des activités économiques.

(ATS)

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