Samuel Paty en 2020, Dominique Bernard il y a un an: une minute de silence en hommage à ces deux professeurs assassinés par des islamistes radicalisés est prévue lundi dans les écoles de France, avec l'ambition de «continuer» à «lutter contre le fanatisme».
Au lendemain d'une cérémonie qui a réuni à Arras plus de deux mille personnes et plusieurs ministres pour un hommage à Dominique Bernard, professeur de français tué par un ancien élève radicalisé, Michel Barnier est attendu lundi après-midi au collège du Bois d'Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), où enseignait Samuel Paty.
Le Premier ministre sera accompagné de sa ministre de l'Education Anne Genetet dans cet établissement francilien toujours profondément marqué par le souvenir de ce professeur d'histoire-géographie assassiné par un islamiste radicalisé le 16 octobre 2020. Le collège devrait d'ailleurs prochainement être rebaptisé du nom de Samuel Paty.
«Nous ne les oublierons pas»
«À trois ans d'intervalle, presque jour pour jour, deux professeurs sont morts sous les coups de terroristes islamistes. Ils enseignaient l'histoire de France, la connaissance du monde, et l'amour de notre langue. Ils transmettaient à leurs élèves le goût d'apprendre et l'esprit de citoyenneté», a souligné dimanche Michel Barnier dans un message sur X.
«Nous ne les oublierons pas. Et nous mettrons tout en oeuvre pour protéger nos enseignants et continuer avec eux à lutter contre l'ignorance et le fanatisme», a ajouté le Premier ministre. Pour cette minute de silence demandée dans tous les collèges et lycées, chaque établissement s'organise «selon les horaires et modalités que les équipes pédagogiques jugeront les plus appropriés», a indiqué le ministère.
«Dans la semaine, un temps d'analyse et de réflexion avec les élèves pourra également être organisé, dont la durée et le contenu seront aussi laissés au choix des équipes en fonction de leurs situations respectives», a-t-il précisé, voyant dans ce temps d'hommage une façon de «transmettre les valeurs» qu'incarnent les deux professeurs. Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat dans le second degré, juge «indispensable que l'école se retrouve autour d'un temps d'hommage, pour mettre des mots sur ce qui est encore une très grande douleur».
Assassinés par des élèves de 18 et 21 ans
Samuel Paty, âgé de 47 ans, avait été poignardé puis décapité par Abdoullakh Anzorov, réfugié russe d'origine tchétchène, le 16 octobre 2020 à proximité de son collège. Le jeune homme de 18 ans, musulman radicalisé, lui reprochait d'avoir montré en classe des caricatures de Mahomet. Avant d'être tué par la police, il avait revendiqué son geste en se félicitant d'avoir «vengé le prophète».
L'émotion provoquée par cet attentat a été ravivée par l'assassinat, le 13 octobre 2023, de Dominique Bernard, 57 ans, poignardé à mort par Mohammed Mogouchkov, un ancien élève fiché pour radicalisation islamiste, devant son établissement. Mohammed Mogouchkov, 21 ans, né en Russie, a été mis en examen et écroué par un juge d'instruction antiterroriste quatre jours après l'attaque qu'il avait revendiquée au nom de l'organisation Etat islamique (EI).
Cette semaine d'hommages sera aussi marquée par la remise samedi à la Sorbonne du prix Samuel Paty visant à récompenser des projets de classes centrés sur «les principes et valeurs démocratiques».