«Vous n'aurez plus besoin de voter, mes beaux chrétiens»
Donald Trump va-t-il transformer les États-Unis en théocratie?

Les partisans les plus fervents de Donald Trump le voient comme Jésus. De son côté, le candidat républicain leur fait de grandes promesses. Philipp Adorf, spécialiste des États-Unis, explique ce qui attend le pays si Donald Trump est réélu à la Maison-Blanche.
Publié: 30.07.2024 à 06:03 heures
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Dernière mise à jour: 30.07.2024 à 06:35 heures
Donald Trump fait régulièrement référence à la Bible et tente de mobiliser son électorat chrétien.
Photo: keystone-sda.ch
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Guido Felder

Pour les croyants qui soutiennent Donald Trump, l'échec de la tentative d'assassinat dont il était la cible est un miracle... et la preuve que Dieu est du côté du candidat républicain. Donald Trump leur a passé un message: d'ici quatre ans, ils ne devraient plus avoir besoin de voter s'il est réélu. «Chrétiens, allez voter. Juste cette fois. Vous n'aurez plus besoin de le faire. Encore quatre ans. Vous savez quoi? Tout sera réglé. Tout ira bien. Vous n'aurez plus besoin de voter, mes beaux chrétiens.»

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L'ex-président des États-Unis a été baptisé en tant que presbytérien – une branche des églises réformées – mais se définit depuis 2020 comme un chrétien non confessionnel. Dans sa campagne pour l'élection présidentielle de novembre prochain, Donald Trump se concentre beaucoup sur les croyants, auxquels il promet le paradis sur terre s'ils lui accordent leur voix. Les États-Unis sont-ils donc en passe de basculer dans une théocratie si le conservateur est élu?

Donald Trump pourrait mettre en place des lois qui soutiennent la religion chrétienne: plus de droits pour les institutions religieuses, renforcement de la religion dans les écoles, plus de financement aux institutions religieuses, renforcement de la liberté de religion.

Mise en place de juges conservateurs

Le programme de Donald Trump avait déjà donné la couleur en 2017 et 2021. Philipp Adorf, expert des États-Unis à l'Université de Bonn en Allemagne, explique: «Durant son mandat présidentiel, Trump a pu satisfaire les souhaits du camp chrétien-conservateur, notamment en nommant des juges ultra-conservateurs dans les tribunaux.»

L'ex-chef d'État avait également supprimé, dans certains domaines, la protection des minorités sexuelles, introduite pour la première fois par son prédécesseur Barack Obama. «Il est aujourd'hui considérablement plus facile de discriminer les minorités sexuelles, explique le spécialiste Philipp Adorf. On peut invoquer la liberté de religion pour refuser certains services, comme dans le cas d'un mariage entre personnes de même genre.»

Plus prudent sur l'avortement

Sur la question de l'avortement, Donald Trump s'est toutefois montré plus mesuré. Il se dit désormais opposé à une interdiction de l'IVG à l'échelle du pays et préfère déléguer la question au niveau des États. Ce revirement s'explique sans doute par le fait que les Républicains ont été désavoués dans les urnes lors des élections de mi-mandat de 2022.

Donald Trump avait alors écrit sur sa plateforme Truth Social: «De nombreux Républicains ont perdu de nombreux électeurs à cause de la question de l'avortement, qu'ils ont mal gérée. C'est particulièrement vrai pour ceux qui ont insisté sur le fait qu'il ne devait pas y avoir d'exceptions – même en cas de viol, d'inceste ou de danger pour la vie de la mère.»

La candidate démocrate à la présidence, Kamala Harris, s'est quant à elle emparée du sujet de l'avortement. Elle se positionne clairement en faveur de l'IVG. Philipp Adorf: «Cela motive sa propre base démocrate, mais s'adresse aussi aux électeurs indépendants.»

Moins de croyants

En se focalisant sur les chrétiens, Donald Trump pourrait bien se prendre les pieds dans le tapis. Aux États-Unis, la part des non-croyants a doublé depuis 2007 pour atteindre près de 30% de la population. Même sur des questions comme l'avortement ou le mariage homosexuel, de plus en plus d'Étasuniens s'éloignent des évangéliques.

«Cela signifie qu'une focalisation sur les électeurs chrétiens-conservateurs sert presque uniquement à motiver son propre camp à participer aux élections, sans s'adresser à des personnes au-delà de l'électorat habituel», remarque Philipp Adorf.

Plus de pouvoir

Pour pouvoir appliquer plus facilement ses lois, Donald Trump veut restructurer la Maison-Blanche et s'octroyer plus de pouvoir. L'officieux «Project 2025» lié à la campagne du Républicain prévoit de placer les ministères directement sous le contrôle du président. Des dizaines de milliers d'employés fédéraux pourraient être licenciés s'ils ne sont pas assez loyaux envers le président.

Donald Trump lui-même a indiqué qu'il entend placer des autorités de régulation indépendantes sous la tutelle de la Maison-Blanche et utiliser le ministère de la Justice pour lutter contre ses adversaires politiques.

Selon Philipp Adorf, Donald Trump a bien plus souvent mis en œuvre les objectifs politiques du camp évangélique blanc pendant sa présidence que ses prédécesseurs républicains. «Lors d'un deuxième mandat, ce processus se poursuivrait à tel point que, selon Donald Trump, les évangéliques blancs n'auront 'plus besoin de voter' dans quatre ans.»

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