Vont-ils sauver les stations d'hiver?
Des chercheurs ont mis au point une technologie révolutionnaire pour l'enneigement artificiel

Avec la hausse des températures, les domaines skiables se tournent de plus en plus vers la neige artificielle. Une technique dont l'impact environnemental est loin de faire l'unanimité. C'était sans compter sur la découverte d'une équipe de chercheurs espagnols.
Publié: 21.01.2024 à 06:06 heures
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Dernière mise à jour: 21.01.2024 à 07:59 heures
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En raison du réchauffement climatique, les stations de ski ne sont plus en mesure d'offrir aux amateurs de glisse des conditions optimales.
Photo: Keystone
Cédric Hengy

Le changement climatique a transformé le tourisme d'hiver en cauchemar. Les stations de ski ne sont plus en mesure d'offrir aux amateurs de glisse des conditions optimales. Les régions de basse altitude sont les premières à en faire les frais.

Dans ce contexte catastrophique, l'enneigement artificiel est une des solutions au problème. Mais pas à long terme. Car d'une part, fabriquer de la fausse neige augmente les besoins en eau et en énergie, et donc les émissions de carbone. D'autre part, l'enneigement artificiel n'est possible que lorsque les températures sont suffisamment basses, ce qui est de moins en moins le cas aujourd'hui.

Des chercheurs ont une idée en observant... les nuages

Devra-t-on bientôt ranger nos équipements de ski à la cave pour de bon? Heureusement, non! En effet, des chercheurs espagnols ont récemment fait une découverte susceptible de sauver les stations d'hiver.

Le projet, baptisé «Snow Laboratory» et dirigé par l'Institut des sciences des matériaux de l'Université de Barcelone, vise à produire de la neige artificielle, en limitant l'impact environnemental, simplement en mélangeant un minéral à l'eau utilisée dans les canons à neige.

Selon le scientifique Albert Verdaguer, qui dirige le projet, l'objectif est d'imiter ce qu'il se passe en altitude. Car on sait que la neige se forme dans l'atmosphère à partir de gouttelettes d'eau dans les nuages. Un processus appelé «nucléation de la glace»: les gouttelettes d'eau peuvent en effet rester liquides à des températures allant jusqu'à -38°C.

Or il y a quelques années, en parcourant un travail de recherche, Albert Verdaguer a découvert qu'un minéral, le feldspath, était particulièrement efficace pour accélérer la congélation des gouttelettes d'eau à des températures proches de zéro. Le chercheur s'est alors demandé si le feldspath pouvait contribuer à accélérer le durcissement de l'eau.

Une réussite estimée à 90%

Des tests en laboratoire ont alors montré que le mélange de l'eau et du feldspath permettait de produire de la neige à des températures supérieures de 1,5°C à celles actuellement rencontrées lors d'un enneigement artificiel, tout en réduisant les coûts énergétiques d'environ 30%.

Le rapport de conversion – c'est-à-dire la quantité de neige qui sort des canons par rapport à celle qui y entre – a également été optimisé. En règle générale, ce taux est d'environ 75%, car une partie de l'eau se perd dans le canon. Albert Verdaguer estime que cette valeur de conversion pourrait passer à 90% grâce à la nouvelle méthode.

En clair: la quasi-totalité de l'eau serait transformée en neige, sans aucune perte Mieux: selon le chercheur, une canette de 33cl de feldspath suffirait à faire fonctionner deux canons à neige pendant toute la saison!

Le projet doit encore être testé grandeur nature

Dans le domaine skiable de La Molina, niché dans les Pyrénées, la méthode d'enneigement sera testée au cours des trois prochaines années. Autant dire qu'en cas de succès, le projet intéressera de nombreux domaines skiables: «La question est de savoir si cela peut être développé à grande échelle», explique un autre spécialiste de l'enneigement, convaincu toutefois que cette technique est prometteuse.

Albert Verdaguer et son équipe ont installé plusieurs canons à neige au cours des dernières semaines. L'eau utilisée doit provenir d'un barrage à proximité, alimenté par la neige fondue de printemps, venue des montagnes.

Le scientifique espère à présent que cette nouvelle méthode apportera une bouffée d'oxygène aux stations et villages de montagne en difficulté qui dépendent fortement de la neige: «Nous ne voulons pas que les stations de ski ferment dans cinq ou dix ans, et que cela ait un impact sur l'économie locale. C'est juste pour nous donner un peu de temps.»

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