Viols, meurtres, pillages...
Un déserteur russe raconte les crimes de guerre commis par ses camarades d'unité

Nikita Chibrin faisait partie de la 64e brigade motorisée de l'armée russe. En septembre, il a fui le front pour rejoindre l'Europe. Aujourd'hui, il raconte les atrocités commises par les membres de son unité.
Publié: 15.12.2022 à 06:11 heures
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Dernière mise à jour: 15.12.2022 à 06:53 heures
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Le déserteur russe Nikita Chibrin a fait partie de l'une des unités de guerre russes les plus brutales. Il raconte ses expériences choquantes.
Nicola Abt

Boutcha, Irpin, Lyman, Izioum: les images des atrocités commises par les Russes en Ukraine font le tour du monde depuis des mois. Il est régulièrement question de crimes de guerre. Un déserteur russe a décrit à la chaîne d’information américaine CNN la brutalité de certains soldats au service du Kremlin. Nikita Chibrin a servi dans la 64e brigade motorisée – une unité accusée d’avoir commis des crimes de guerre dans plusieurs villes ukrainiennes.

«Il y a des fous qui prennent plaisir à tuer un homme», dit-il. Les ordres de ses supérieurs étaient clairs: «Nous devions assassiner toute personne susceptible de transmettre des informations sur les positions de l’unité, y compris des civils. Si quelqu’un avait un téléphone, nous avions le droit de l’abattre.»

Viols, tueries de masse, pillages.

Des actes de violence contre des femmes ukrainiennes ont été commis à plusieurs reprises. «Ils ont violé une mère et sa fille», confie le déserteur. Leurs supérieurs étaient au courant. Leur réaction? «Un haussement d’épaules», assure-t-il. Les criminels n’auraient jamais été arrêtés – seulement renvoyés en Russie, loin du front.

Le commandant responsable s’appelle Azatbek Omourbekow. Selon Nikita Chibrin, il aurait ordonné l’assassinat de centaines de civils à Boutcha. De son côté, le Kremlin nie toute implication dans ces tueries de masse.

La troupe de Nikita Chibrin aurait également participé à de nombreux vols d’objets de valeur. «Lorsque nous avons quitté Lipovka et Andriivka fin mars, certains ont pris des voitures de civils et les ont vendues en Biélorussie», rapporte l’ancien soldat russe.

Des ordinateurs, des bijoux ou d’autres choses ont également été emportés. Les soldats n’ont pas manqué de se vanter de ces pillages. «Il y avait une mentalité au sein de notre unité: si tu voles quelque chose, tu es bon. Plus c’est cher, mieux c’est.» CNN a confronté le Ministère russe de la Défense à ces accusations. Ce dernier n’a pas souhaité répondre.

«Bien sûr que la Russie va perdre»

Nikita Chibrin a déserté l’armée russe en septembre et a fui vers l’Europe via la Biélorussie. Il a demandé l’asile dans un pays dont il tait le nom. Tout en gardant ses distances, il observe l’évolution de la guerre avec une grande inquiétude. «La Russie ne s’arrêtera pas tant que tous les soldats ne seront pas morts. Ils considèrent les combattants comme de la chair à canon. C’est un manque de respect!»

Il ne croit pas à une victoire de Vladimir Poutine: «Bien sûr que la Russie va perdre. Le monde entier soutient l’Ukraine.» Les armes de cette dernière sont bien plus modernes et meilleures que celles des troupes du Kremlin. Il l’a lui-même constaté sur place. Il estime également que la préparation des soldats russes est insuffisante. «Les supérieurs nous ont donné une arme, une cible et 5000 balles, mais ne nous ont pas formés», conclut-il.

Nikita Chibrin souhaite que ses collègues répondent de leurs actes criminels. Il assure être prêt à témoigner contre son unité devant un tribunal pénal international. Il affirme n’avoir lui-même commis aucun délit.


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