L'ex-Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra a présenté ses excuses dimanche pour le décès de dizaines de manifestants musulmans morts étouffés dans des camions militaires en 2004, dans le sud du pays.
«S'il y a eu une erreur ou un mécontentement que j'ai provoqués, je voudrais présenter mes excuses», a déclaré lors de sa première visite en 19 ans dans cette région de l'extrême sud de la Thaïlande Thaksin Shinawatra, qui fut Premier ministre de 2001 à 2006.
Ces excuses sont les premières qu'il adresse publiquement concernant le «massacre de Tak Bai». Elles interviennent près de quatre mois après le début de la prescription et l'abandon des charges de meurtre contre sept suspects.
Le 25 octobre 2004, les forces de l'ordre avaient ouvert le feu sur une foule de manifestants et tué sept personnes, devant un commissariat de police à Tak Bai, dans la province de Narathiwat, près de la frontière malaisienne. Par la suite, 78 autres personnes étaient mortes étouffées après avoir été arrêtées et entassées les unes sur les autres à l'arrière de camions militaires thaïlandais, la face contre le sol et les mains liées dans le dos.
«Il devrait s'excuser en face à face»
Le massacre est depuis longtemps devenu un symbole de l'impunité de l'État dans les provinces méridionales, à majorité musulmane, où une insurrection met aux prises depuis des années les forces gouvernementales et les séparatistes. Ceux-ci réclament plus d'autonomie pour une région culturellement distincte du reste du pays, à majorité bouddhiste.
Anchana Heemmina, cofondatrice du groupe thaïlandais de défense des droits humains Duay Jai, a confirmé à l'AFP que c'était la première fois que Thaksin s'excusait. «S'il est sincère (dans ses excuses), il devrait aussi s'excuser directement auprès des familles, en face à face», a-t-elle ajouté.
En août 2024, un tribunal provincial a accepté une plainte déposée par les familles des victimes contre sept responsables, dont un ancien commandant de l'armée élu au Parlement pour le parti Pheu Thai de M. Shinawatra.
Cependant, les responsables ne se sont pas présentés au tribunal, empêchant le déroulement du procès. En octobre, la Première ministre Paetongtarn Shinawatra - fille de Thaksin - avait déclaré qu'il n'était pas possible de repousser l'entrée en vigueur de la prescription. Aucun membre des forces de sécurité thaïlandaises n'a été emprisonné pour des exécutions extrajudiciaires ou des faits de torture dans cette région. Le conflit a fait plus de 7000 morts depuis janvier 2004.