La Russie a accusé vendredi l'Ukraine d'avoir tué 22 civils dans un village russe conquis par les forces ukrainiennes, une nouvelle accusation de ce type contre Kiev qui a démenti avoir commis ces exactions présumées.
L'Ukraine a pris le contrôle de dizaines de localités frontalières dans la région de Koursk, dans l'ouest de la Russie, depuis qu'elle y a lancé une offensive surprise en août, et affirme qu'environ 2000 civils vivent encore dans les zones qu'elle occupe. L'armée russe a commencé à repousser cette offensive et a repris plusieurs localités.
Violées avant d'être tuées
Le Comité d'enquête russe, qui a annoncé le 19 janvier l'ouverture d'une enquête pour meurtre d'«au moins sept civils» dans le village de Rousskoïe Poretchnoïe, à environ 20 kilomètres de la frontière ukrainienne, a indiqué vendredi enquêter désormais sur le meurtre de «22 habitants» de ce village commis, selon Moscou, entre septembre et novembre dernier.
Parmi les victimes, dont les corps ont été retrouvés dans les sous-sols de plusieurs maisons, figurent huit femmes qui auraient été violées avant d'être tuées, affirme le Comité d'enquête.
Les enquêteurs accusent cinq soldats ukrainiens d'être responsables de ces meurtres, affirmant que l'un d'entre eux, identifié comme Evguéni Fabrissenko, a été capturé lors des combats dans la région de Koursk. Le Comité a diffusé une vidéo de l'interrogatoire d'un homme présenté comme Evguéni Fabrissenko, qui avoue les faits reprochés. L'AFP n'a pas été en mesure de vérifier ces affirmations.
L'Ukraine dément
Un porte-parole ukrainien dans la région de Koursk, Oleksiï Dmytrachkivsky, a lui démenti auprès de l'AFP: «Les autorités russes essayent de cacher le meurtre de leurs concitoyens (...) qu'ils bombardent avec l'artillerie, qu'ils tuent avec l'aviation, en détruisant leurs maisons et en accusant les forces ukrainiennes.»
«Il faut en parler, le montrer, malgré toute la surdité de la communauté internationale et sa mauvaise volonté face à ces atrocités», a de son côté déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Pour sa part, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a estimé que les actes des soldats ukrainiens illustraient leur «impuissance militaire et politique à un moment de défaites sur le front». «D'abord, les gens ont été torturés, victimes d'abus puis achevés par des tirs ou des explosions», a-t-elle dit, lors de son briefing hebdomadaire.
Accusations mutuelles
La Russie et l'Ukraine s'accusent mutuellement du meurtre de civils depuis le début du conflit il y a près de trois ans. Les forces russes sont accusées d'avoir assassiné des centaines de civils dans la ville ukrainienne de Boutcha, près de Kiev.
Les journalistes de l'AFP font partie des médias internationaux qui ont vu et photographié les corps de civils ukrainiens tués, dont certains avaient les mains liées, dans cette ville. Moscou a rejeté les accusations d'atrocités commises à Boutcha et accusé Kiev d'avoir mis en scène ces images. Cette affirmation a été démentie par plusieurs organisations indépendantes de vérification des faits et par des médias, dont l'AFP.