Verdict ce mardi
Moteurs diesels truqués: Un ancien patron d'Audi pourrait bien être condamné

Dans le scandale des moteurs Diesel truqués, l'ancien directeur d'Audi devrait devenir ce mardi le premier dirigeant du groupe Volkswagen à écoper d'une condamnation pénale.
Publié: 27.06.2023 à 09:05 heures
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Dernière mise à jour: 27.06.2023 à 09:46 heures
Photo: Keystone

L'ancien directeur général d'Audi, qui a plaidé coupable dans l'affaire du «Dieselgate», devrait devenir mardi le premier dirigeant du groupe Volkswagen à écoper d'une condamnation pénale dans le scandale mondial des moteurs diesels truqués.

Rupert Stadler, ex-patron de la firme aux anneaux entre 2007 et 2018, pourrait se voir infliger une peine de prison avec sursis d'un maximum de deux ans et une amende de 1,1 million d'euros (1,07 million de francs), selon la proposition formulée par le tribunal de Munich qui va rendre son verdict dans la matinée.

Il a finalement plaidé coupable

L'ancien cadre de 60 ans a contesté les faits reprochés tout au long de son procès qui s'est ouvert en septembre 2020, avant d'accepter en mai de plaider coupable pour bénéficier d'une peine moins lourde que les dix ans de prison encourus.

Devant les juges, Rupert Stadler a avoué avoir eu connaissance courant 2016 de valeurs d'émission des voitures diesel susceptibles d'être manipulées et avoir laissé leur commercialisation se poursuivre en Allemagne jusqu'à début 2018.

Cela devrait lui valoir une condamnation pour «fraude par omission».

Un scandale mondial

Le «Dieselgate» a provoqué un scandale mondial et lourdement entaché la réputation de l'industrie automobile allemande.

En 2015, à la suite d'accusations de l'agence environnementale américaine (EPA), Volkswagen avait reconnu avoir équipé 11 millions de moteurs de type «EA 189» sur ses véhicules diesel d'un logiciel capable de les faire apparaître comme moins polluants lors de tests en laboratoire et sur les routes.

Rupert Stadler, un financier de formation, n'est pas accusé d'être l'instigateur de la fraude mais d'avoir eu connaissance de l'installation de logiciels illégaux et de n'avoir rien fait pour y mettre fin.

L'accusation a estimé que l'ancien responsable avait causé des dommages à hauteur de 69 millions d'euros, correspondant à la commercialisation à tort de 26'546 véhicules pendant la période incriminée.

Les moteurs manipulés pour paraître moins polluants

Les deux coaccusés de Rupert Stadler, un ancien directeur chez Audi et Porsche, Wolfgang Hatz, et son bras droit chez Audi, Giovanni Pamio, ont eux avoué avoir manipulé des moteurs de véhicules pour que les valeurs légales de gaz d'échappement soient respectées lors d'essais sur un pont, mais pas sur la route.

Le tribunal a aussi proposé à leur encontre une peine de prison avec sursis d'un maximum de deux ans, assortie chez Wolfgang Hatz de 400'000 euros d'amende contre 50'000 euros pour Giovanni Pamio.

Mais le parquet a refusé de suivre le juge concernant le cas de Wolfgang Hatz, requérant contre lui trois ans et deux mois de prison ferme.

Wolfgang Hatz et Giovanni Pamio ont eux causé 2,2 milliards d'euros de dommages en manipulant 94'924 véhicules, selon le parquet.

30 milliards d'euros

Le groupe Volkswagen a dû payer depuis plus de 30 milliards d'euros en remboursements, dédommagements et frais judiciaires, dont le plus gros aux États-Unis.

Si Rupert Stadler est le premier haut dirigeant du groupe Volkswagen à être condamné dans le scandale, son procès va laisser plusieurs questions sans réponse : qui a initié la fraude? Quels autres dirigeants de Volkswagen étaient au courant et ont laissé la fraude perdurer?

Les yeux se tournent vers le tribunal de Brunswick (nord), non-loin du siège historique du constructeur, où un autre grand procès pénal a démarré en septembre 2021, impliquant quatre anciens responsables de Volkswagen accusés de fraude.

Au moins jusqu'en 2024

Des audiences sont prévues jusqu'en 2024 et toujours sans le principal accusé, l'ancien patron du premier constructeur européen à l'époque du scandale, Martin Winterkorn, dispensé de procès pour raison médicale.

Des investisseurs réclament par ailleurs réparation en justice, alors que le titre de VW s'était effondré de quelque 40% dans les jours suivant l'éclatement du scandale.

D'autres volets judiciaires restent ouverts, comme en France où la cour d'appel de Paris a confirmé en mars la mise en examen pour tromperie aggravée de Volkswagen. L'Allemand n'est pas seul ici, les constructeurs Renault, Peugeot, Citroën et Fiat-Chrysler ayant aussi été mis en examen mi-2021.

Les scories de son sulfureux passé vont encore accompagner un moment le premier constructeur européen dirigé aujourd'hui par Oliver Blume, un dirigeant venu de la filiale Porsche pour mener la transition du groupe vers l'électrique et résister à la monter en puissance des concurrents chinois.

(ATS)

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