Au milieu du campement à Berlin, six jeunes activistes, encadrés par une équipe de soutien, ont cessé de s'alimenter depuis la fin août. Une mesure radicale pour alerter sur «la catastrophe climatique» dans laquelle l'humanité se débat, affirme à l'AFP l'un d'eux, Jacob Heinze.
Cette grève de la faim constitue «l'ultime recours dans la désobéissance civile face à l'extrême gravité de notre situation», explique le jeune homme de 27 ans aux cheveux longs relevés sur le crâne, les traits tirés, manifestement éprouvé par plus de deux semaines de jeûne.
«Nous sommes assis sur une bombe à retardement», renchérit Hannah Lübbert, une autre activiste de 20 ans qui fait partie de l'équipe de soutien.
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Trop tard
«Si nous ne changeons pas rapidement le cours des choses il sera trop tard dans quelques années», avertit la jeune femme. Preuve en est : les inondations meurtrières qu'a connue l'Allemagne à la mi-juillet et que les experts relient directement au changement climatique.
Le réchauffement de la planète engendrera aussi son lot de famines, selon eux, d'où l'idée de se priver volontairement de nourriture. «La sécurité alimentaire n'est pas garantie. Nous nous dirigeons vers une guerre pour la répartition des vivres, de l'eau et des terres», poursuit Jacob Heinze.
Âgés de 18 à 27 ans, lycéens ou étudiants, ces jeunes venus de toute l'Allemagne estiment appartenir à «la dernière génération» qui peut encore agir. Ensuite, soulignent-ils en s'appuyant sur des rapports scientifiques, les conséquences dramatiques du réchauffement climatique seront irréversibles.
Ils se veulent plus radicaux que le mouvement de désobéissance civile Extinction Rebellion ou que Fridays for future, certains d'entre eux ont déjà mené des actions spectaculaires : ils ont grimpé sur des bâtiments abritant des partis politiques ou se sont enchaînés dans la rue avec d'autres pour bloquer la circulation.
«Mais nous avons vu que ces différentes formes d'action n'ont pas entraîné le moindre changement» au niveau politique, juge Hannah Lübbert.
Boissons vitaminées abandonnées
Réunis en cercle sur la pelouse, certains des grévistes de la faim arborent un visage émacié. L'un d'eux, épuisé, s'effondre en larmes tandis que de jeunes équipes médicales se relaient chaque jour pour contrôler tension et poids.
Au lendemain de l'interview avec l'AFP, Jacob Heinze a dû être transporté à l'hôpital après s'être effondré, selon les activistes. D'autres restent sous les tentes où ils passent leurs nuits. Au 15e jour de leur mouvement, ils ont décidé de radicaliser encore leur action en renonçant aux boissons à base de vitamines qu'ils absorbaient jusqu'ici.
«Je me déplace lentement, je crois qu'on remarque les conséquences et la semaine prochaine va être vraiment dégueulasse et dure», explique Henning Jeschke qui poste des vidéos sur Twitter.
Discussion sincère
A moins de deux semaines de décisives élections législatives, ces jeunes réclament «une discussion sincère et ouverte» sur le climat avec les trois principaux candidats à la chancellerie, le conservateur Armin Laschet, le social-démocrate Olaf Scholz et l'écologiste Annalena Baerbock.
Leurs formations politiques ont toutes placé les questions environnementales parmi leurs priorités. Et les Verts, désormais en troisième position dans les sondages après avoir eu le vent en poupe au printemps, veulent faire de la neutralité climatique la priorité du prochain gouvernement.
Mais les promesses des candidats apparaissent trop timorées aux yeux des grévistes de la faim. Pour Jacob Heinze, aucun des grands partis n'est prêt «à prendre les mesures nécessaires pour nous protéger, nous la jeune génération, de la catastrophe» en cours.
Jusqu'ici, seule la candidate écologiste les a contactés par téléphone, affirment-ils. «Mais même avec les Verts nous ne remplirons pas les objectifs que nous devons tenir en matière de climat», selon Hannah Lübbert.
Ils exigent aussi du prochain gouvernement allemand qu'il mette sur pied un comité de citoyens et citoyennes représentant tout le spectre de la société et chargé d'élaborer des mesures de protection de l'environnement. Et ils affirment être prêts à poursuivre leur grève jusqu'au bout.
(ATS)