Une «victoire» pour l'extrême droite
En Roumanie, le président par intérim succède à Klaus Iohannis

Le chef d'Etat par intérim Ilie Bolojan a officiellement pris ses fonctions mercredi en Roumanie. Cela deux jours après la démission de Klaus Iohannis, qui se trouvait sur la sellette depuis l'annulation de la présidentielle contestée par l'extrême droite.
Publié: 12.02.2025 à 14:20 heures
Ilie Bolojan va assurer l'intérim jusqu'à la tenue des nouvelles élections présidentielles en mai. (Image d'archives)
Photo: keystone-sda.ch
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ATS Agence télégraphique suisse

«Je suis prêt à exercer cette honorable fonction dans le respect des citoyens roumains et à garantir la stabilité de notre pays», avait-il déclaré la veille. Après une décennie au pouvoir, Klaus Iohannis, 65 ans, a quitté le palais présidentiel de Bucarest à l'issue d'une cérémonie avec les honneurs militaires, souhaitant «bonne chance» à son successeur.

Ilie Bolojan, en tant que président du Sénat au moment de la démission, va assurer l'intérim jusqu'à la tenue des nouvelles élections présidentielles en mai. Le premier tour organisé le 24 novembre dernier a été annulé, fait rarissime dans l'Union européenne, après la victoire surprise du candidat d'extrême droite Calin Georgescu.

Les autorités ont justifié cette décision par les soupçons d'ingérence russe pesant sur la campagne. Klaus Iohannis s'était alors maintenu à son poste.

«Coup d'Etat»

Mais depuis, des dizaines de milliers de Roumains sont descendus dans la rue pour dénoncer un «coup d'Etat» et le Parlement devait se réunir cette semaine pour débattre d'une procédure de destitution à son encontre. Il a donc décidé de se retirer pour éviter d'aggraver la crise politique. Une «victoire» pour l'extrême droite, qui veut désormais accentuer la pression sur le gouvernement pro-européen, espérant «récupérer le deuxième tour» plutôt que d'accepter le nouveau vote.

Ancien maire de la ville d'Oradea (nord-ouest), Ilie Bolojan, 55 ans, est salué pour avoir restauré grâce aux fonds européens le centre historique et modernisé les infrastructures énergétiques et de transports. Il s'est longtemps tenu éloigné de la scène politique nationale mais a dû entrer dans l'arène après le fiasco de la présidentielle pour le parti libéral, dont il a pris provisoirement la tête.

Peu après, il a été élu à la présidence du Sénat où il a annoncé vouloir se séparer de près de 200 employés, au nom de la «lutte contre le gaspillage de l'argent public», la Roumanie affichant un des déficits les plus élevés de l'UE.

Un magistère moral important

Le président de la République roumaine occupe une fonction essentiellement protocolaire mais exerce un magistère moral important et une influence en politique étrangère.

Son rôle a pris de l'importance depuis l'invasion russe de l'Ukraine alors que la Roumanie est devenue un pilier essentiel de l'Otan, abritant sur son sol plus de 5000 soldats et le système antimissile de l'alliance.

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