Un éminent spécialiste du coronavirus a présenté de nouveaux éléments renforçant l’hypothèse selon laquelle le virus est originaire du marché animalier de Wuhan, en Chine. Ceux-ci rendent moins probable la thèse selon laquelle le virus se serait échappé d’un laboratoire.
Le biologiste canadien Michael Worobey a publié jeudi un article dans la revue «Science» que la plupart des premières infections au Covid-19 détectées chez l’homme se sont concentrées autour du marché où étaient vendus des animaux sauvages et domestiques.
Michael Worobey avait étudié des cas signalés par deux hôpitaux de Wuhan, une mégapole du centre de la Chine, avant que les autorités sanitaires ne tirent la sonnette d’alarme le 30 décembre 2019 au sujet d’un virus jusqu’alors inconnu. Les autorités avaient alors déjà identifié le marché comme le lieu d’origine de la pandémie.
Des critiques avaient toutefois émis des doutes sur le fait qu’il s’agissait du lieu d’origine de la pandémie. Ils estimaient que les autorités s’étaient prononcées trop tôt et avaient ainsi éliminé les cas qui n’étaient pas liés au marché lors de la recherche de l’origine. Une attention particulière a été accordée à un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui indiquait comme premier cas avéré de Covid un homme malade n’ayant jamais visité le marché.
L’enquête de l’OMS reconnaît des erreurs
Le rapport de l’OMS indiquait que l’homme était tombé malade dès le 8 décembre. Michael Worobey a effectué des recherches et a constaté que le patient de 41 ans n’avait contracté le coronavirus que le 16 décembre. Pour ce faire, le chercheur s’est appuyé sur une interview vidéo, une description de cas dans un article scientifique et un dossier médical, qui correspondent tous à cet homme.
Peter Daszak, un expert en épidémies de l’ancienne équipe d’enquête de l’OMS, a déclaré au «New York Times» qu’il était convaincu par l’analyse du scientifique. «La date du 8 décembre était une erreur», souligne-t-il.
Michael Worobey a identifié une vendeuse sur le marché qu’il considère comme la «patiente zéro». Elle avait donc contracté le coronavirus le 11 décembre. Lors de ses recherches sur d’autres cas précoces, Worobey a en outre constaté qu’ils étaient pour la plupart liés au marché ou regroupés géographiquement autour du marché.
Tensions entre les États-Unis et la Chine
«Dans une ville de onze millions d’habitants, la moitié des premiers cas sont liés à un lieu aussi grand qu’un terrain de football», a déclaré Michael Worobey au «New York Times». «Il devient très difficile d’expliquer ce schéma si l’épidémie n’a pas commencé sur le marché».
Selon lui, cela plaide en faveur d’une transmission du virus d’un animal à l’homme. Cette conclusion est également importante parce qu’il s’était encore prononcé, avec d’autres experts, dans une chronique publiée mi-mai dans «Science», pour un examen sérieux de la thèse selon laquelle le virus se serait échappé d’un laboratoire de Wuhan.
Cette thèse avait provoqué un grave désaccord diplomatique entre les Etats-Unis et la Chine, le gouvernement chinois niant avec véhémence que le virus puisse provenir d’un laboratoire.
(AFP/Adaptation par Alexandre Cudré)