Une rencontre explosive à Pékin
Une nouvelle alliance nucléaire Russie-Chine-Iran est-elle en train de se former?

Donald Trump a créé la surprise en demandant à l'Iran d'entamer des négociations sur le nucléaire. Des représentants de la Chine, de la Russie et de l'Iran se sont rencontrés pour en discuter. Une nouvelle alliance nucléaire verra-t-elle le jour? Avis d'expertes.
Publié: 06:03 heures
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Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Ryabkov (à gauche), son homologue iranien Kasem Gharibabadi (à droite) et le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.
Photo: IMAGO/SNA
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Daniel Macher

En début de semaine, Donald Trump avait affirmé avoir écrit une lettre à l'Iran, dans laquelle il demandait à Téhéran d'accepter de négocier le programme nucléaire iranien avec les Etats-Unis. Selon certaines informations, des médiateurs des Emirats arabes unis auraient remis la lettre au ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghtchi. Et ses effets se seraient déjà fait ressentir. «Abbas Araghchi a déclaré que l'Iran était prêt à poursuivre les discussions indirectes avec les Etats-Unis», explique Elika Djalili, du département Moyen-Orient et sociétés musulmanes de l'Université de Berne. Elle précise toutefois qu'il ne faut pas s'attendre à une percée rapide. Ali Khamenei, chef spirituel de la République islamique, avait entre-temps désavoué Trump et qualifié les Etats-Unis de «gouvernement de tyrans».

Parallèlement, la Russie et la Chine ont rencontré l'Iran cette semaine à Pékin pour discuter du nucléaire. Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Kasem Gharibabadi, a qualifié les discussions avec Pékin de «constructives», assurant que le programme nucléaire iranien était «de nature pacifique». Il déplore le retrait unilatéral des Etats-Unis, qui est selon lui responsable de la situation actuelle. 

Un accord qui expire à la fin de l'année

Le moment n'a pas été choisi au hasard. D'une part, Donald Trump avait augmenté la pression sur l'Iran depuis le début de son deuxième mandat – menaçant lui-même d'utiliser des moyens militaires. D'autre part, le pacte nucléaire de Vienne, qui a jusqu'à présent empêché l'Iran de devenir une puissance nucléaire, expire à la fin de l'année. Un accord conclu en 2015 entre l'Allemagne, les puissances qui disposent du droit de vote à l'ONU – les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la Grande-Bretagne et la France – et l'Iran. Sauf qu'en 2018, les Etats-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont créé la surprise en se retirant de l'accord. Avant d'imposer à nouveau des sanctions.

L'Iran aurait réagi en signe de protestation. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) estime que les réserves d'uranium enrichi à plus de 60% ont augmenté à ce jour d'un peu plus de 91 kilos, pour atteindre un total d'environ 275 kilos. Le pays serait donc sur le point de pouvoir fabriquer une bombe atomique. Un accord entre la Chine, la Russie et l'Iran changerait considérablement la donne pour l'Occident. Mais quelles sont les chances d'une nouvelle alliance nucléaire à l'Est?

«Un nouvel accord inclurait l'Occident»

Nous avons posé la question à Serena Tolino et Ali Sonay, du département Moyen-Orient et sociétés musulmanes de l'Université de Berne. «La rencontre entre les trois Etats à Pékin n'avait pas pour but de conclure un accord séparé, mais plutôt d'afficher un soutien à l'Iran dans le contexte de la politique de Donald Trump», analysent les spécialistes. Selon elles, la Chine et la Russie sont des alliées du pays et le soutiennent dans les négociations sur le programme nucléaire. «Leur objectif pourrait être de soutenir l'Iran face à la nouvelle pression exercée par Donald Trump. Les déclarations de Pékin, selon lesquelles un nouvel accord entre les Etats-Unis et l'Iran devrait être négocié d'égal à égal, vont dans ce sens.»

Les deux expertes rejettent l'hypothèse selon laquelle un nouvel accord constituerait un renoncement total à l'Occident. Selon Serena Tolino et Ali Sonay, un nouvel accord inclurait l'Occident, avec les Etats-Unis comme acteur principal. «La Chine et la Russie semblent toutefois vouloir influencer le rapport de force en faveur de l'Iran. Cela est dans leur intérêt pour faire face à leur propre concurrence avec les Etats-Unis.»

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