Engagées depuis début juin dans une difficile contre-offensive face à des lignes fortifiées russes, les forces ukrainiennes ont accentué leur pression ces deux dernières semaines, reprenant le village de Robotyné (sud), puis celui d'Andriïvka (est). Dimanche, c'est la localité voisine d'Andriïvka, Klichtchiïvka, qui est tombée après des mois de combats.
Avec ces avancées, «la ligne de la défense de l'ennemi a été percée», a déclaré le commandant des troupes terrestres de Kiev, le général Oleksandre Syrsky. Ces localités étaient «importantes» pour la ligne de défense russe autour de Bakhmout, a-t-il ajouté, précisant que trois brigades russes avaient été «détruites».
Situation «compliquée»
La situation dans la zone est reste «compliquée» et «des combats acharnés près de Bakhmout se poursuivent», a toutefois admis le général Syrsky.
La Russie a revendiqué la prise de Bakhmout en mai après dix mois de combats sanglants. Mais elle fait face depuis lors à des contre-attaques ukrainiennes sur ses flancs, et la bataille continue pour cette ville de 70'000 habitants avant-guerre et aujourd'hui largement détruite.
Selon la vice-ministre ukrainienne de la Défense Ganna Maliar, les soldats de Kiev se sont emparés de 2 km2 au cours de la semaine écoulée près de Bakhmout et de plus de 5 km2 dans le sud, où leurs efforts se tournent désormais vers le village de Verbové. Le président Volodymyr Zelensky s'est dit sur X (ex-Twitter) «fier» de «chacun de nos héros sur la ligne de front.»
Les localités reprises, qui ne comptaient que quelques centaines d'habitants avant la guerre pour les plus peuplées d'entre elles, ont été détruites au cours des affrontements.
Frappes et «actes de sabotage»
Les frappes sur le territoire ukrainien au-delà du front se sont également poursuivies avec 24 drones envoyés et 17 missiles tirés par la Russie pour de nouvelles attaques nocturnes, a déclaré l'armée de l'air ukrainienne. «Dix-huit drones ont été abattus» tout comme les 17 missiles de croisière, a-t-elle assuré.
L'armée russe a de son côté affirmé dans son rapport quotidien avoir bombardé en Ukraine des lieux de stockage de missiles de croisière Storm Shadow et de munitions à l'uranium appauvri, deux types d'armes fournies par Londres. «L'objectif de la frappe a été atteint. Toutes les installations ont été touchées», a dit le ministère russe de la Défense.
La Russie a également annoncé avoir abattu dans la nuit plusieurs drones ukrainiens en Crimée, dans la région de Moscou ainsi que dans celles de Belgorod et de Voronej, proches de l'Ukraine. Un type d'attaque devenu quasi-quotidien.
En Russie même, les services de sécurité ont déclaré avoir arrêté dans une région frontalière de l'Ukraine deux membres d'un groupe armé pro-ukrainien qui «préparaient des actes de sabotage», alors qu'«ils s'apprêtaient à mettre le feu à un bâtiment administratif». Ce groupe, la Légion «Liberté de la Russie», a été à l'origine de plusieurs incursions armées dans des régions frontalières de l'Ukraine.
Visites diplomatiques
Avec leur contre-offensive, les troupes ukrainiennes s'efforcent de couper les lignes logistiques de l'armée russe. Leur progression est toutefois lente, face aux champs de mines, tranchées et pièges antichars.
Le chef d'état-major américain Mark Milley a estimé dimanche que cette opération n'avait «pas échoué», contrairement à ce qu'a assuré à plusieurs reprises le président russe Vladimir Poutine, mais qu'il fallait s'attendre à un conflit très long.
Sur le plan diplomatique, Volodymyr Zelensky sera reçu jeudi à la Maison Blanche pour de nouvelles discussions avec son homologue américain Joe Biden, dont le pays est le principal soutien militaire et financier de Kiev.
De l'autre côté, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi est attendu à partir de lundi et jusqu'à jeudi en Russie pour des pourparlers consacrés à la «sécurité».
Cette visite chinoise en Russie suit celle de la semaine dernière du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un. Le voyage de M. Kim dans l'Extrême-Orient russe, qui s'est achevé dimanche, n'a débouché sur «aucun accord», a affirmé le Kremlin, mais a révélé des liens militaires potentiels entre les deux pays.
Ce déplacement a ravivé les craintes occidentales que Pyongyang ne fournisse à Moscou des armes et des munitions pour sa guerre en Ukraine.